Durant un long hiver pandémique, on ressasse des images de mouillages turquoise et de ports mythiques, à l’instar de celui de Ventotene, en Italie. Comme chaque année, avec Marco, l’homme qui susurre à l’oreille de mes Yanmar, on prépare Tintamarre avec amour, sans pour autant oser imaginer un périple précis. Après avoir envisagé un temps les Baléares comme terrain de jeu estival, notre choix s’est finalement porté sur la Corse et la Sardaigne, pour en faire un tour complet. Thiméo, 11 ans, a tout de suite comparé ce projet de navigation à un « grand huit » autour des deux terres. La métaphore nous rappelait plutôt les sensations d’horreur éprouvées à ses côtés à bord d’un wagonnet de montagnes russes quelques mois auparavant. Nous espérions que la descente des parties ouest des deux îles, très exposées aux vents dominants, ne serait pas un remake maritime de notre expérience ferroviaire chahutée de fête foraine! Imaginez: grand coup de mistral pour décoller et libeccio pour nous recevoir. Une fois en Corse, on commencera donc vraisemblablement notre double boucle par une traversée à l’abri de la côte est. Il ne restait plus qu’à guetter l’éclaircie sanitaire.
Port-Cros
En cette fin du mois de mai 2021, on nous annonce enfin qu’avec un test PCR de moins de 72 heures, on peut lâcher les chevaux sur l’île de Beauté. Cela demande juste un peu d’organisation: foncer d’abord à Porquerolles (83), pour y attendre une fenêtre météo correcte, consulter le médecin du village afin de faire les tests, puis gagner Port-Cros, pour partir à l’aube. On devrait recevoir par mail les résultats à présenter fièrement au capitaine du port de Calvi à notre arrivée, sauf-conduits pour se rendre en Corse cet été. La traversée de moins de 100 milles se déroule à un pas de sénateur, un autre Swift Trawler 42. Sur la route, on retrouvera le Bénéteau ST 52 à Saint-Florent puis son sister-ship, à Bonifacio. Notre « horde pépère » sera alors au complet.