Valses et regrets
Quel est le comble pour une musicienne ? Se trouver piégée pour toujours entre le prélude et la fugue. songe la narratrice le jour de son mariage. Sa vie entière est bousculée par un minuscule contretemps : à l’âge de 4 au que lui a lancé Étienne, petit garçon aux cheveux de travers, dans une salle des mariages, un soir de concert de Noël. Elle le regrette aussitôt, et pour toujours. Il devient « l’éternel fiancé ». Traductrice d’anglais, auteure de plus d’une dizaine de romans et d’une multitude de livres pour la jeunesse, Agnès Desarthe déploie une écriture singulière, d’une grâce infinie. La narratrice de ce roman, dont nous ne saurons pas le nom, est la fille d’un ouvrier modeste, et d’une mère au foyer rendue à conserver plus longtemps que de raison la nourriture dans le frigidaire, par souci d’économie. La famille est folle de musique, le père et ses trois filles forment un quatuor à cordes amateur, la vie est douce. Mais le temps opère son érosion. Les liens se dissolvent, les destins se réinventent. À intervalles réguliers, le hasard place Étienne sur le chemin de la narratrice, comme un refrain dans le roman.
