“J’étais ministre en Afghanistan. Aujourd’hui, réfugié en Allemagne, je suis livreur à vélo”
Leipzig (Allemagne), le 3 septembre
Désormais, en tenue orange, il parcourt près de 1 200 km par mois à vélo dans les rues de Leipzig (Allemagne) pour livrer les repas de ses clients. A 50 ans, l’ex-ministre des Communications afghan a assisté à la télévision à l’invasion de Kaboul par les talibans. “Ça me brise le coeur de voir ça”, se désole-t-il depuis le modeste appartement de Leipzig qu’il loue 400 ? par mois. Lui a fui l’Afghanistan en 2020, ulcéré de voir son pays gangrené par la corruption. Il n’a jamais regretté son choix, malgré des conditions de vie difficiles. “Je me sens en sécurité ici, confie-t-il au quotidien. Je ne suis plus un homme riche, mais j’aime le travail, et cet argent suffit pour vivre.” Sayed Sadaat a la sagesse des hommes qui connaissent les caprices du destin. Né en Afghanistan, il a émigré avec ses parents et ses sept frères en Angleterre. Il entre à la prestigieuse université d’Oxford où il étudie l’électrotechnique, puis fait carrière dans l’industrie des télécommunications jusqu’à ce qu’un projet professionnel le conduise à nouveau en Afghanistan. Il est alors remarqué par le président de la république islamique, Ashraf Ghani, qui lui propose un emploi au ministère. Sayed Sadaat accepte de quitter le privé pour devenir haut fonctionnaire : “Je gagnais beaucoup moins, mais je voulais servir mon pays.” Il déménage à Kaboul et se marie. Nommé ministre en 2016, il démissionne après deux années d’exercice. Et en 2020, face à la dégradation de la situation, il décide de s’exiler.
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