Le fana de l'aviation

La “promo” des oubliés

Né le 18octobre 1913 à Saint-Servan, en Ille-et-Vilaine, au sein d’une vieille famille d’origine franc-comtoise, Pierre Grandbesançon grandit dans un environnement austère marqué par le décès de son père le jour de ses 14 ans. Auprès de ses deux sœurs, il reçoit de sa mère une éducation empreinte d’un sens aigu des responsabilités. À l’âge de 15 ans il décroche son baccalauréat de mathématiques. Doué pour le dessin, il ambitionne d’entrer à l’école des Beaux-Arts. Mais les études y sont longues et leur coût prohibitif pour sa famille. Il choisit de suivre un cursus plus court et s’oriente vers une carrière d’ingénieur. Dans les classes préparatoires du lycée Thiers à Marseille, le jeune homme potasse les concours des grandes écoles. En 1932, il est reçu au concours d’entrée à l’École polytechnique.

Polytechnicien, promo X-32

Polytechnique est une école militaire, mais c’est aussi et avant tout une grande école d’ingénieurs. L’année 1932 marque une étape dans son histoire. Pour la première fois depuis la fin de la Première Guerre mondiale, une large majorité d’élèves opte pour une carrière militaire : 82 % s’orientent vers le Corps d’officiers; ils n’étaient que 26 % dix ans auparavant. La Grande Dépression du début des années 1930 et une solde mensuelle sur toute la durée des études ont sans doute favorisé cet engouement payé enretour de six ans au service de l’État. Mais les “armes nobles”, le génie et l’artillerie, restent les plus prisées. L’arme aérienne fait encore figure de “second choix” : l’avancement y est lent et peu valorisant dans une carrière militaire. À Polytechnique, l’enseignement aéronautique se limite à quelques notions de navigation aérienne et jouit, auprès des instructeurs, “d’une décote bien établie et soigneusement entretenue” (1). En outre, une visite médicale est imposée dans les six mois précédant une affectation dans l’aéronautique militaire. Une visite sans appel et d’autant plus incongrue que c’est seulement le jour de sa sortie de l’école que le lauréat décide officiellement de sa voie. Autant dire que jusqu’au début des années 1930, il n’y a pas foule pour embrasser la carrière d’officier-aviateur. Les choses évoluent à partir de 1933 suite à la promulgation d’un décret portant création d’une future “armée de l’Air”. À l’été 1934, Pierre Grandbesançon est au petit nombre des élèves de la promotion X-32 (2) qui optent pour cette jeune entité. L’aviation répond à ses aspirations les plus intimes. C’est dans l’exaltation de valeurs authentiques, magnifiées par l’auteur de Vol de Nuit, qu’il entend s’épanouir. Les exploits d’un Guynemer et la prose d’un Saint-Exupéry ont eu raison du destin de haut fonctionnaire auquel il aurait pu aspirer.

Sous un nouvel uniforme

L’aviation est alors en plein bouleversement. La vieille Aéronautique militaire, rattachée au commandement de l’armée de Terre, a vécu. Regroupant toutes les spécialités (renseignement, bombardement, chasse), une armée de l’Air octobre 1935. D’ici là, les derniers polytechniciens, saint-cyriens et diplômés de Navale, admis sur titre, vont devoir suivre le parcours de l’ancienne École militaire et d’application de l’aéronautique de Versailles, provisoirement rebaptisée École militaire et d’application de l’armée de l’Air (EMAA). Appelé au Centre des hautes études militaires, le général Duseigneur en a laissé le commandement au colonel Jean Houdemon, pilote de chasse, vétéran de 1914-1918, auquel incombe la lourde tâche d’assurer la transition (3).

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