La terre des hommes De l’importance d’être Constance
Qu’y a-t-il de pire qu’être un agriculteur au bord de la faillite ? Réponse : être une femme dans la même situation. Dans la lignée des films existant déjà sur la violenceNaël Marandin raconte pour la première fois le parcours d’une jeune femme qui tente à tout prix de sauver la ferme familiale. À tout prix ? Justement non, et la bataille financière tourne au drame social, intime et existentiel lorsque Constance est victime d’un viol commis par un fermier influent qui prétend vouloir l’aider (Jalil Lespert). Un système pervers de chantage se met en place, c’est implicitement donnant, donnant. Mais pas pour Constance, qui devra habilement manœuvrer pour piéger son bourreau. Si cette fin pose d’ailleurs un problème moral à l’intérieur du film (car il implique une instrumentalisation du viol à des fins professionnelles par sa victime, un parti pris discutable), l’ensemble de cette trajectoire féminine est admirable de puissance dramatique et de précision documentaire sur l’écosystème des éleveurs de vaches. Du marché aux bestiaux, où ont lieu les ventes aux enchères, aux luttes de pouvoir entre grands propriétaires au sein de commissions d’attributions d’aides financières, rend compte de ce monde en partie corrompu à travers un regard d’une justesse impitoyable, épinglant au passage sa misogynie. Tête fonceuse et épaules rentrées, Constance est incarnée par la remarquable Diane Rouxel, parfaite de force obstinée, puis gracile tout à coup dans les bras de son amoureux (Finnegan Oldfield). Seule femme dans un milieu très majoritairement masculin, elle mène son combat pour exister et n’être perçue ni comme une gamine qu’on paternalise ni comme une proie qu’on peut posséder, houspiller ou enfermer dans un enclos comme une bête (l’une des scènes du film) ; ce combat est celui de toutes les femmes rêvant de posséder un peu plus qu’une Ici, une ferme.
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