Fantaisie marine à Porquerolles
es pieds nus et l’haleine parfumée au fenouil, à la verveine et à la menthe (ingrédients d’une décoction à déguster en guise de préliminaires), le visiteur descend l’escalier, direction… les abysses. Au chers à Chris Sharp, le commissaire de cet accrochage, qui ponctue ce parcours inspiré du réalisateur et biologiste Jean Painlevé (1902-1989), dont les photographies de pieuvres, d’oursins et autres hippocampes fascinaient déjà les surréalistes. Parmi les « îlots » proposés, celui constitué des deux coquillages en béton de Melik Ohanian, du corail réparé à la mie de pain d’Hubert Duprat et du totem de poissons-globes de Michael E. Smith, se reflétant dans le bleu (l’exacte couleur de l’eau de Porquerolles) du triptyque vitré de Nicolas Floc’h, est l’un des plus remarquables. Comme celui dans lequel les oiseaux d’une tapisserie d’Henri Matisse affrontent les étranges sortes de raies manta volantes, sculptées par Gabriel Orozco. Quitter cet aquarium géant pour regagner la surface ne marque pas la fin de la traversée de « La Mer imaginaire ». Au contraire. S’ensuit une immersion totale dans la grotte en argile créée in situ par Miquel Barceló. Dans le clair-obscur de cette caverne, de singulières colonnes – réunion de concrétions surgies de la voûte telles des stalactites et rejoignant le sol – balisent le chemin. Les parois sont tapissées de dessins de langoustes, de méduses ou de sirènes, mais aussi de résidus industriels ou domestiques abandonnés par l’homme. Car c’est bien là l’un des thèmes explorés ici: témoigner de la transformation des paysages marins, de la disparition de la faune et de la flore en raison de la pollution et du réchauffement climatique. Face à une telle catastrophe, les trois requins de Jean-Marie Appriou, tranchés en deux, mais dressés sur leur nageoire caudale, dansent au milieu des roseaux du jardin. Des mains géantes les enlacent.
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