Diapason

QUATUOR ITALIEN...

La rencontre de quatre étudiants de l’Académie Chigiana de Sienne au début des années 1940 allait donner enfin à l’Italie le quatuor à cordes d’envergure internationale qui lui avait fait jusque-là cruellement défaut. La paix revenue, le (d abord) Nuovo Quartetto Italiano prend son envol. En 1946, premiers 78 tours, sous de Debussy (qui deviendra une œuvre fétiche) et une ravissante de Vinci. Ce sont d’ailleurs les seuls témoignages de la formation originale, avec Lionello Forzanti à l’alto, rapidement remplacé par Piero Farulli. A cette époque, les quatre musiciens se démarquent non seulement en jouant leur répertoire par cœur mais aussi par un style vif, élancé et d’un extrême raffinement. Après quelques années sous contrat Decca, le Quartetto Italiano (dont les deux violonistes, Paolo Borciani et Elisa Pegreffi, se sont entre-temps mariés) signe chez Columbia, firme pour laquelle il enregistrera jusqu’en 1959 et dont tous les bandes sont ici réunies pour la première fois. Si certaines avaient déjà été rééditées en CD (Testament, Emi), ce n’était pas les cas des et de Mozart, de l’ de Beethoven, de l’ de Brahms, de l’ ). Chez Mozart, c’est leur élégance toute classique qui fera école, tandis que sous l’impulsion d’un primarius (Borciani) et d’un violoncelliste (Franco Rossi) aux forts tempéraments, ils démontrent dans Beethoven vigueur, profondeur autant que cohérence dans leurs premières approches des et . Leur seconde version du Debussy, au juste équilibre entre rêve et flamme, est un miracle de souplesse. Leur vision pionnière du de Schumann étonnent par leur fantaisie, leurs libertés rythmiques, leurs touchants portamentos (écoutez la poignante voix d’alto de Farulli dans l’ de l’). Révélant une prédilection pour Schubert (magistral ) et Haydn, ils y allient charme et finesse à un niveau rarement atteint, grâce à une articulation ciselée ( ). Côté XX e siècle, ils se firent à l’époque les champions du de Malipiero, des de Stravinsky, témoignant dans celui de Ravel d’une qualité d’inspiration comme de réalisation exceptionnelles. Fidèles défenseurs de leur patrimoine national, ils graveront encore deux volumes de pages italiennes des XVII e (Gabrielli, Marini, Neri, Scarlatti, Vivaldi) et XVIII e siècles (Galuppi, Cambini, Boccherini), d’intérêt inégal, dont beaucoup inédites en CD. La reproduction des pochettes originales, à défaut d’un large choix de photos, ravira les acquéreurs de ce passionnant coffret.

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