ESTHER DUFLO UN CERVEAU QUI NOUS ÉCHAPPE
Deux fois quarante-cinq minutes en vidéo, exclusivement des questions à propos de la pandémie, aucun propos personnel et interdiction d’évoquer son retour en France, pourtant à l’étude. À ces conditions, non négociables, Esther Duflo, la plus jeune lauréate du prix Nobel d’économie (en 2019), l’une des deux seules femmes et première Française à recevoir cette distinction, déroule son exposé, casque audio collé aux oreilles. Front plissé, sourires furtifs, elle parle vite. Paragraphe 1, point 2, chapitre suivant, documents en pièce jointe et c’est plié. On tente quelques incursions : l’amoureuse de Bach joue-t-elle toujours du violoncelle ? Non, mais sa fille l’apprend. Et l’escalade ? Moins le temps. Tennis plus commode. Fin de l’entretien. Plus tard, dans un mail, elle répétera refuser l’exercice du portrait et nous enjoindra de cesser de contacter ses amis.
Trois écoles parisiennes lui offrent un poste universitaire à sa démesure, mais ne peuvent rivaliser avec les 500 000 dollars qu’un professeur comme elle toucherait à Boston
Il est vrai que notre championne mondiale des sciences économiques n’est réputée ni pour sa souplesse ni pour sa coquetterie. À ce tempérament s’ajoute le calendrier épidémique, vécu par elle comme une tragédie planétaire et intime. Depuis cet hiver, elle ne sort presque plus, claquemurée dans son
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