L’imposture audacieuse

Un bruit de cavalcade retentit sur les pavés de la petite cour du castel du baron de Ravandal. Blanche, la châtelaine, jeta un coup d’œil par la fenêtre et retint un soupir. Le nouveau venu, était, sans aucun doute, un émissaire de Sa Majesté Charles VII.

– Que se passe-t-il, ma mie ?

Elle se tourna vers l’homme qui venait de prononcer ces mots d’une voix faible.

– Un visiteur, Alaric. Mais je vais lui faire dire que vous êtes trop fatigué pour le recevoir.

– N’en faites rien, Blanche. Si cet homme est venu jusqu’à nous, c’est certainement important.

Elle n’eut pas le temps de répondre, un serviteur introduisait déjà le messager.

Ce dernier salua la baronne et se tourna vers le baron.

– Blanche, laissez-nous, je vous prie.

Elle n’eut d’autre choix que d’obéir à son époux. Néanmoins, après avoir refermé la porte, elle y colla son oreille dans l’espoir d’entendre la conversation. Mais le bois était épais et elle ne saisit que quelques bribes qui ne lui apprirent rien de concret.

Préoccupée par cette visite, désireuse de connaître les raisons de la venue de cet inconnu, elle sursauta lorsqu’une main se posa sur son épaule.

Deux yeux rieurs, verts comme l’émeraude, la fixaient et elle se détendit à la vue de sa fille Auréa. Cette dernière lui murmura:

– Voyons, mère, ce n’est pas très joli d’espionner ainsi père et son invité !

Blanche l’entraîna un peu plus loin, de crainte qu’un serviteur les surprenne en flagrant délit d’indiscrétion.

– Auréa, vous m’avez fait une de ces peurs ! Ce n’est guère bienséant mais c’est très instructif. Cet homme est certainement porteur de mauvaises nouvelles et je tiens à savoir ce qui se trame. Vous savez combien la santé de votre père me préoccupe depuis qu’il s’est blessé à la chasse.

– Vous craignez que notre hôte soit un oiseau de mauvais augure ?

– Oui, et je sais que votre père est incapable de dire non à une sollicitation de notre roi. Mais cette fois, il est bien trop mal pour