POKER GĒANT Ā WALL STREET
LE MONDE SE DIVISE en deux catégories. Il y a ceux qui transforment tout ce qu’ils touchent en or, et il y a les autres. À 22 ans seulement, c’est tout vu, Joe Fonicello et Abbe Minor (photo cicontre) sont déjà abonnés à la première. Par exemple il y a deux ans, ce couple d’étudiants américains en école de commerce a retourné une question dans tous les sens: comment voyager sans claquer des sommes folles en billets d’avion et en hôtels? « On a conclu que retaper un van serait le meilleur moyen de se balader tout en disposant d’un actif précieux, raconte Joe. En décembre 2019, on a acheté un Mercedes Sprinter à une entreprise. Comme Abbe a un penchant pour la menuiserie, on a fait un intérieur ultra-moderne. Le tout nous a coûté 12 000 dollars. Aujourd’hui, notre van vaut autour des 50 000. On a l’esprit très “entrepreneur”. » Aucun doute là-dessus. Joe a beau encore être étudiant, il gagne déjà bien sa vie. Son business? Il identifie des produits spécifiques – comme des phares de van de super qualité fabriqués en Pologne – et les aide à pénétrer le marché américain via des campagnes sur les réseaux sociaux. Joe empoche sa commission sans jamais toucher aux biens. Mais son coup le plus fumant n’a rien à voir. Le garçon fait partie d’une armée de boursicoteurs qui, en 2020, a senti qu’une partie de poker monstrueuse se jouait autour de l’action de GameStop, le revendeur de jeux vidéo le plus célèbre des États-Unis. Emboîtant le pas d’un certain Keith Gill – un investisseur anonyme qui a vu l’Eldorado avant tout le monde et a longtemps prêché dans le désert –, Joe et sa copine ont gagné gros. Et à l’heure où tous les cinémas étaient bouclés, ils se sont offert une place de choix pour assister à l’un des films les plus rocambolesques de l’histoire de Wall Street. Le genre de superproduction avec beaucoup d’action. Et de la casse aussi.
Un messie dans son sous-sol
Le 8 septembre 2019, en rentrant de sa journée de boulot chez MassMutual, un assureur américain, Keith Gill, réfugié
