SENNA

> 800 ch > 335 km/h > 0 à 100 km/h : 3”4*

DÉMENTIELLE

Ce genre de déclaration venant d’un journaliste de vaudrait déjà son pesant de cacahuètes pour la sportive en question. Car à force de prendre le volant des modèles les plus extrêmes de la planète, l’exceptionnel ne suffit plus à extasier votre serviteur : il faut de l’extraordinaire. Alors quand cette phrase vient et tous ceux qui ont eu l’insigne privilège de s’asseoir un jour derrière le volant de la Senna. C’est bien simple, cette McLaren évolue dans une autre dimension. Sur le circuit Bugatti du Mans, la Senna fait une démonstration. Imaginez l’inimaginable : elle tourne 3”15 plus vite qu’une 720S et 4” qu’une Lamborghini Huracán Performante... Une Porsche 911 GT3 RS, est tenue à 5”56. On arrête là, vous avez compris le principe : la Senna est surnaturelle. La question est maintenant de savoir comment elle fait ? Vous vous en doutez, on ne brille pas sur piste sans un rapport poids/puissance compressé. Celui de la Senna atteint 1,7 kg/ch. Il y a donc beaucoup de puissance, 800 ch exactement, tirés du traditionnel V8 4,0 litres biturbo maison qui en donne toujours plus, il suffit (presque) de le lui demander. Il y a aussi peu de poids. À ce chapitre, il serait d’ailleurs plus rapide de dire ce qui n’est pas en carbone que l’inverse. Résultat, c’est le poids qui tombe puisque nous avons relevé 1 360 kg sur notre balance. Alléchés par ces chiffres prometteurs, nous attendions beaucoup de performances de la Senna. Et elle nous en a données... trop. Nous n’avons ainsi pas réussi à faire mieux que 3”4 sur le 0 à 100 km/h. C’est exceptionnel comme temps, mais pas pour une Senna qui évolue dans une autre dimension. La marque annonce d’ailleurs 2”8. On en est loin... mais le Launch Control fatigué de notre modèle d’essai peut expliquer cette contre-performance. Soucieuse de se racheter, la Senna va nous sortir le grand jeu en matière de comportement. Pour être clair: jamais voiture homologuée pour la route n’a été aussi proche d’une voiture de course. Une fois installé dans les baquets, le conducteur a l’impression d’avoir été solidarisé avec le châssis. Rien de ce qu’il se passe mécaniquement ne lui échappe. Ça hurle (merci à la ligne d’échappement en Inconel), ça tape, ça siffle, ça claque, bref ça communique, tout en restant étonnamment facile et même, osons le mot, confortable. La direction hydraulique participe au niveau de précision atteint, elle qui lit dans les pensées du conducteur et redessine les virages pour qu’ils s’y adaptent. La suspension hydraulique RaceActive Control II fonctionne en symbiose avec l’aéro active et le conducteur sera obligé d’ouvrir un dictionnaire pour vérifier ce que veulent dire roulis, cabrage ou plongée. Lancée à 200 km/h, la Senna s’immobilise 121 m après grâce à ses freins carbone/céramique (sept mois de fabrication) et à son aileron qui se braque à la verticale. La verticale, c’est aussi la direction que prend la courbe des émotions au volant de la Senna.