L’art de l’imposture
’attends que sorte enfin le film de Mohammad Rasoulof pour vous en parler. Rasoulof fut assistant d’Abbas Kiarostami, mort le 4 juillet 2016. Y a-t-il meilleur hommage pour un réalisateur que de voir un de ses assistants faire un bon film ? J’aurais dit non avant de découvrir la biographie qu’Agnès Devictor et Jean-Michel Frodon ont consacrée à Kiarostami. L’ouvrage est publié par Gallimard. Je l’ai offert à qui est sans doute le plus beau film jamais réalisé sur le cinéma. L’équivalent du de Henry James ou des mises en abyme de Vélasquez. Dans le livre de Devictor et Frodon, on apprend que, lorsqu’il réalise Kiarostami travaille depuis plus de vingt ans au Kanoun, une institution culturelle iranienne créée par l’impératrice Farah Diba en 1964. On y fait de la musique, du théâtre, de la poésie, des livres pour enfants à partir desquels on réalise des films. C’est en tant que graphiste que Kiarostami entre dans cette Factory persane. Dans son premier film, un petit garçon revient de la boulangerie avec son pain sous le bras et, au milieu de la rue, il tombe sur un gros chien qui lui fait peur et l’empêche de passer. En dix minutes, Kiarostami annonce comment il va réaliser ses films, avec astuce et courage, de façon à se faire l’ami du chien dangereux que le gosse abandonne à la fin du film.
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