SUR LES TRACES DE BOKO HARAM
A l’école ou dans le camp, repentis et victimes se côtoient tous les jours
Face à l’absence de l’Etat, des chasseurs de la savane forment des milices contre les djihadistes
De notre envoyée spéciale au Nigeria
l faut quitter Maiduguri pour réaliser à I quel point c’est une forteresse assiégée.
Un repenti de 26 ans : « Pendant neuf ans, j’ai fait ce que j’avais à faire : égorger tous les hommes, embarquer les adolescents et les femmes, bombarder les villages… C’étaient les ordres »
La capitale de l’Etat de Borno est ceinturée de camps d’affamés et de maquis djihadistes. Filant vers la frontière camerounaise, la route défoncée traverse un paysage où alternent ruines calcinées, villages fantômes et barrages militaires écrasés de chaleur. Sous les guérites de paille, les mines patibulaires des combattants « most wanted » de Boko Haram sont placardées, comme dans un décor de vieux western. Le territoire de l’organisation la plus meurtrière d’Afrique s’étend à perte de vue le long du bitume défoncé, des faubourgs de Maiduguri jusqu’au bassin du lac Tchad. C’est là, dans les replis du bush, que 112 des lycéennes de Chibok enlevées en 2014 sont encore détenues.
Faute d’abris, certains réfugiés dorment à même la poussière depuis des semaines
Enfin, après une heure de trajet, apparaissent les contours de Bama, rasée la même année par les djihadistes, désertée depuis par une bonne partie de ses habitants. Au coeur de la cité moribonde, un gigantesque camp abrite plus de 40 000 civils qui ont
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits