Un mystérieux billet
Derrière ses lunettes de soleil, Marie observait l’homme, avec discrétion. Il lisait un épais ouvrage, appuyé contre le hublot, dans la rangée d’en face.
L’avion volait depuisdeux heures,etelle en déduisit qu’elle observait l’homme depuis tout aussi longtemps.
Mince, peut-être m’a-t-il remarquée ?
Elle se rassura en se disant que non, qu’en une semaine de vacances en Turquie, elle ne s’était hélas pas fait remarquer par qui que ce soit…
Elle avait choisi une destination ensoleillée pour récupérer quelque peu après sa rupture douloureuse, histoire de tourner définitivement la page. L’homme tourna la page, lui aussi, puis éternua. Elle sursauta, comme si elle s’était soudain sentie coupable de le regarder.
L’avion n’était pas complet. Ce qui avait permis à l’homme de la rangée d’en face de quitter sa place et de s’aventurer vers le fond afin de s’asseoir librement : seul sur une rangée de trois sièges. Il avait plusieurs fois déplié ses grandes jambes sortant d’un bermuda bleu ciel et les avait allongées sur les fauteuils adjacents en soupirant d’aise. Marie, qui avait également une rangée de trois fauteuils pour elle toute seule, avait alors fait de même – plus discrètement.
L’homme, la trentaine, était plutôt beau garçon. Musclé (elle l’avait observé à la plage alors qu’il plongeait avec masque et tuba) et sans doute cultivé : il avait passé sa semaine à bouquiner des revues de géographie et là, dans cet avion silencieux, c’était un livre sur l’époque napoléonienne qui le tenait en éveil.
Marie bâilla. Elle s’assoupit, le dos collé à son siège plutôt inconfortable, en se disant qu’à 29 ans, il fallait vite fait qu’elle reconstruise sa vie. Un duo d’hôtesses de l’air l’empêcha de s’enfoncer dans le
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