Le Journal du dimanche

Pêle-mêle américain

vous vous souvenez ? C’est l’homme de 33 ans originaire de l’Arizona qui a fait le bonheur des reporters du monde entier lors de l’assaut au Capitole de Washington. Origine italienne, adepte de théories conspirationnistes, habitué de déguisements pittoresques. Le 6 janvier il crevait les écrans avec une coiffe mi-Davy Crockett, mi-indien des prairies avec d’imposantes cornes de buffle ; son visage était peinturluré de La juge a compris la gravité de la chose et le directeur de prison a pris des dispositions pour que toutes les exigences gastronomiques de Jake disciple de Wotan (dieu de la Guerre dans la mythologie germanique) soient respectées. Autre scène, autre genre, trois jours plus tard. Une vidéo vue par des dizaines de millions de personnes. Un fond musical hollywoodien, un plan fixe sur le visage – ô combien viril – d’Arnold Schwarzenegger. Tenue vaguement militaire, il parle sept minutes à ses concitoyens mais aussi à toute la planète. La voix est chaude, grave, le ton épique. Il se souvient de son enfance viennoise et des hommes comme son père, pris dans la nasse de la dictature, la honte et le silence ayant dévasté leurs vies. Il évoque les femmes et les enfants victimes de la brutalité de ces maris traumatisés. Il sort enfin l’épée de Conan, elle représente pour lui la démocratie qui doit se défendre. En Europe, sur les plateaux de télévision, les experts se gaussent : comment ose-t-il comparer l’assaut au Capitole avec la nuit de Cristal, qu’est-ce que c’est que ce charabia ? Mais Schwarzy sait ce qu’il fait : ce n’est pas parce que l’on ose des sommets de kitsch qu’on a tort sur le fond. Il parle à tous les Jake Angeli de son pays. Et je trouve qu’il se débrouille bien. Encore trois jours plus tard, une femme de presque 80 ans préside une séance du Congrès : c’est Nancy Pelosi, masque chic à fleurs, toujours tirée à quatre épingles avec des vestes impeccables, aux couleurs claquantes. Mais le jour du deuxième impeachment de Trump elle porte une robe noire, manches trois-quarts, arrondi des épaules parfait, collier sobre. On a vérifié : elle a choisi la même robe et le même collier qu’en 2019 pour le premier impeachment. Elle respecte un rituel intime : même vêtement de combat, comme on porte la même cuirasse avant un second duel. Il est troublant le contraste de cette femme qui rassemble ses forces pour une lutte finale et, en même temps, obéit à une superstition secrète, révélatrice de fragilité. Mercredi 20, Trump part. Il a exigé un tapis rouge, les honneurs militaires avec 21 coups de canon, une cérémonie qui, selon ses propres mots, auquel il avait assisté en 2017. Il tient absolument à un dernier vol de dernière heure avec Air Force One, le joujou suprême. Un gros enfant irascible et buté joue aux soldats et aux avions jusqu’à la dernière minute. Sans aucune intention de dire pardon merci bonjour au revoir.

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