QUAND LES PARENTS MÉNENT L’ENQUÉTE
Bobigny, le 2 janvier 2019. Entre deux averses, dans la nuit glaciale, la sonnerie d’un portable retentit. Béor, crâne rasé, barbe fournie, décroche. Sur le gazon synthétique du stade de La Motte, il est en train de tourner une vidéo pour H2T, une académie d’insertion par le football. Sa femme l’informe que sa fille, Assia, 14 ans, n’est pas rentrée. Il est 20 heures. Elle ne répond pas à son portable. Béor (un nom d’artiste) balaie son quartier, à Drancy, en Seine-Saint-Denis. A 22 heures, il se rend au commissariat. « On m’a demandé : “Est-ce qu’elle n’a pas fugué ?” J’ai répondu : “Non, je connais ma fille”, et on m’a dit : “Revenez demain.” » Son ami Raymond, qui était avec lui au stade, se remémore : « On a mis notre réseau en mouvement, dans une vraie synergie. » Habile avec les logiciels d’image grâce à son métier de photographe, Béor crée un avis de recherche. Il l’intitule « Alerte disparition », y ajoute une photo de sa fille et le publie sur Facebook. Le document est partagé des milliers de fois. « Je n’ai pas dormi ni mangé jusqu’à ce que je la retrouve », se souvient le costaud et souriant Béor, dans son appartement de Drancy, où il vit avec ses quatre enfants et sa femme. Né à Alger, il est arrivé en France à l’âge de 10 ans avec ses parents : sa mère, ex-professeure d’arabe, travaille désormais dans un centre social pour enfants, et son père, passé par la rédaction du journal algérien « El Watan
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