Et pourquoi pas le tour du monde?
, la mer avait peu de chances de tenir une place dans la vie de Naomi Power, née en 1949 au milieu des moutons, ses parents en élevant des centaines dans leur ferme près d’Auckland. A l’adolescence, la seule chose qui l’intéresse vraiment ce sont les chevaux et les romans à l’eau de rose, ce qui n’arrange pas ses résultats scolaires. Destinée par ses, le ketch sur lequel Chay Blyth a réussi quatre ans plus tôt le « voyage impossible » (premier tour du monde contre les vents dominants) est amarré là. Discussion aimable sur le quai puis à bord et coup de foudre immédiat entre Naomi et Rob James, le skipper du bateau. S’ensuivent quelques navigations en Manche, la découverte du mal de mer et des aléas de la voile… et un projet de mariage pour l’année suivante car, dans l’immédiat, Rob doit prendre le départ du Triangle Atlantique (Saint-Malo - Le Cap - Rio - Saint-Malo). En attendant le retour de son futur mari, Naomi repart en Nouvelle-Zélande et passe le temps en lisant les grands classiques de la littérature nautique. Une réflexion assez paradoxale chemine doucement: elle n’a aucune expérience et ne se sent pas légitime pour occuper une place d’équipière sur un voilier de course avec Rob (qui va repartir à la fin de l’été 1977 sur pour la deuxième édition de la Whitbread), mais qu’est-ce qui l’empêcherait de vivre elle-même une grande aventure en solo? Va donc pour le projet de tour du monde… Rob fait tout son possible pour l’aider et convainc son ami Chay Blyth de mettre à disposition un des bateaux de sa flotte: , un robuste sloop de 16 m qui va devenir grâce au soutien du journal Daily Express. Naomi dispose de seulement quelques mois pour tout apprendre et met les bouchées doubles, profitant à domicile d’un coach dévoué mais un peu surbooké avec la préparation de son propre tour du monde sur … Quand elle largue les amarres de Dartmouth, le 9 septembre 1977, Naomi avoue continuer à confondre régulièrement latitude et longitude et s’inquiète à l’idée de ne pas être capable de repérer les îles situées sur la route… Mais tout se passe mieux qu’elle ne le craignait, à part un problème de pilote qui l’oblige à relâcher au Cap. Elle prend confiance en ses capacités et fait une belle trajectoire à travers l’océan Indien puis le Pacifique, malgré un chavirage dans une tempête dantesque à 2000 milles du cap Horn qui va l’obliger à consolider son gréement puis à s’arrêter aux Malouines pour réparer. Le 8 juin 1978, Naomi boucle son parcours en 272 jours et reçoit un accueil triomphal à Dartmouth. Elle se laisse ensuite convaincre de continuer et fait un bon résultat dans la Transat 1980 (25 jours avec le même bateau rebaptisé ). En 1982, à bord du trimaran , le couple gagne le Tour des îles britanniques… et Naomi choisit en même temps d’arrêter la voile pour se lancer dans des études de philosophie. La suite dramatique de l’histoire ne lui donnera aucune envie de changer d’avis: Rob tombe à l’eau et se noie en 1983 lors d’un banal convoyage de , quelques jours avant la naissance de leur fille Loïs. Et la thèse de Naomi portera sur le philosophe Ludwig Wittgenstein qui avait coutume de dire: « Il importe peu que les questions restent sans réponse ». Un hasard?
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