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Belles infidèles
Fidélité et infidélité dans les mises en scènes d’opéra par Jean-Jacques Nattiez. Vrin, 320 p., 29 €.
Qu’est-ce qui fonde la fidélité d’un spectacle à un ouvrage lyrique? D’un metteur en scène aux intentions du compositeur et de son librettiste? Vastes questions, qui nécessiteraient des «thèses de mille pages », pressentait Christian Merlin lors du « duel public » qui l’opposait à Piotr Kaminski dans en septembre 2016 (). Cette stimulante dispute n’a pas échappé à Jean-Jacques Nattiez qui la cite et, pour ainsi dire, y donne suite en un aixois de Dmitri Tcherniakov, il a été séduit par sa racontée comme un jeu de rôles, reconnaissant une « habileté diabolique » qui consiste à avoir « respecté la lettre de l’œuvre et ses vérités locales, tout en restituant l’ensemble dans un contexte qui la trahit totalement ». Et le musicologue de conclure : « Une mise en scène est toujours l’occasion d’infidélités, mais il y a une différence énorme entre les charlatans et les “traîtres” de génie. » Autrement dit, on acceptera l’infidélité de celui « qui, témoignant d’une esthétique qui nous bouleverse, est capable, grâce à son imagination et à la finesse de sa lecture, de révéler des aspects insoupçonnés de l’œuvre ». Tout ça pour ça? Un modeste essai pareillement illustré mais davantage concentré dans sa problématique et mieux relu ( accompagnées au synthétiseur de 2001 sont de Christoph Marthaler, non de Luc Bondy) nous aurait aussi bien conduits vers cette conclusion magnanime autant qu’attendue.
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