Le Ring En 10 leçons
A l’envers
1 L’art de la narration est une des passions de Wagner. Au e siècle, le grand genre littéraire en vogue, c’est le roman, non le théâtre : rien d’étonnant, donc, à ce que Wagner se comporte plus en romancier qu’en dramaturge. C’est une des explications de la longueur de son : une genèse de presque trente ans entre le premier scénario esquissé en 1848, et la création complète en 1876. Dans l’intervalle, il est passé d’un projet de diptyque ( et ) à une tétralogie, conscient que trop de liens logiques restaient inexpliqués si l’on cheminait trop rapidement. La narration wagnérienne rompt avec la chronologie : au lieu d’un début, d’un milieu et d’une fin, ce ne sont que renvois internes, échos, anticipations, retours en arrière. Dans le , on raconte plus qu’on agit. Ou plutôt, le récit se fait action. Il faut donc être très attentif car les éléments essentiels de l’histoire ne nous sont dévoilés qu’au compte-gouttes, et souvent tardivement : ce n’est qu’au que nous apprenons que le coupable du déclin du monde est Wotan, alors que l’on faisait jusqu’ici porter la faute à Alberich. C’est que, comme souvent chez Wagner, on avance à reculons : l’action ne va pas vers son dénouement, elle revient vers l’origine.
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