Jeune première
ELLE NOUS REJOINT au café du rendez-vous, place Saint-Sulpice à Paris, en courant. Légère comme la libellule, des airs de Jane Birkin dans l’allure (brindille en T-shirt blanc, jean, baskets), de Charlotte Gainsbourg dans les traits, la présence frémissante et la voix un peu cassée, elle est une bourrasque de charme adulescent que confirme le «diabolo-grenadine, avec une paille s’il vous plaît». Mais ne pas en conclure à la fragilité, Suzanne Lindon n’a pas froid aux yeux : là voilà qui sort, à 20 ans tout juste, son premier film. Elle a écrit, conçu et réalisé Seize Printemps, y tient même le premier rôle. Et ce long-métrage, qui avait été retenu dans la sélection du festival de Cannes finalement annulé pour cause de Covid, se tient complètement, délicat et résolu à la fois, à l’image de son héroïne Suzanne, adolescente qui tombe amoureuse d’un trentenaire croisé sur le chemin du lycée. Et à l’image de Suzanne Lindon dont c’est là, en juillet, la première interview («J’espère que je ne vais pas dire trop de conneries»), mais négociée avec cohérence, spontanéité et panache.
Seize Printemps est votre premier film, vous l’avez écrit, réalisé, vous y tenez même le premier rôle… Comment vous est venue cette idée risquée de tout faire ?
De l’envie de jouer. Je l’ai depuis longtemps, mais je n’étais pas à l’aise avec l’idée de formuler ce désir et j’avais envie de me sentir complètement légitime de jouer dans un film. J’avais besoin de me sentir choisie pour les bonnes raisons parce que c’est inévitable quand vous touchez au métier de vos parents, surtout celui-là qui a un côté glamour, beaucoup de gens ne me trouveront pas légitime, penseront immédiatement «fille de». Mais moi, si je sais que j’ai travaillé pour ça, je me sentirai à l’aise. Donc je me suis choisie moi, je me suis écrit ce rôle, et j’ai piloté complètement ce film.
D’où vient votre
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