Le plus rapide de l’Ouest
L’ordre sans appel s’accompagne du retentissement strident des alarmes de surcharge du foil et du gréement. Une main sur la barre franche, l’autre agrippant la casquette du rouf, malgré ce majestueux wheeling que vient de s’offrir , Armel Tripon tient en ligne de mire la bouée marquant la fin de ce run endiablé. Vous n’arrivez pas à suivre? C’est vrai. Mais l’idée est évidemment de maintenir l’assiette à fleur d’eau pour limiter la traînée et exploser le chrono. A ce jeu-là est le grand gagnant des runs de vitesse du DéfiAzimut avec une vitesse moyenne de 23,35 noeuds sur 1,2 mille. Deux noeuds plus vite que Thomas Ruyant, le deuxième plus rapide de la journée! Un joli pied de nez pour cette unité qui se démarque franchement des autres concurrents par des choix initiaux radicaux. Samuel Manuard s’amuse encore de ces teams qui, après des semaines d’entraînement, ont tous remodelé leurs étraves pour leur donner une forme de spatule. « Ça donne raison à notre étrave scow! » Mais quelle était l’intention au juste? « Nous voulions un IMOCA le plus “user friendly” possible. Des formes simples avec le moins de pièges d’eau possible, du volume à l’étrave et une vision à 360° depuis le cockpit », d’où ce pont très dégagé, sans aucun obstacle ou presque, avec une forme légèrement convexe. Pour Armel, ça participe à la performance et à la sécurité. « Toutes mes voiles seront matossées sur le pont, il faut que je puisse les tirer simplement d’un bord à l’autre ». Pourtant, à l’intérieur les volumes ne manquent pas. Une fois franchi l’espace restreint du navigateur au pied de la descente, le volume intérieur est même surprenant pour un IMOCA. Quid du moteur? Il est au niveau de la barre d’écoute de la grand-voile, derrière le cockpit! En effet, lorsqu’il « vole » on distingue bien l’arbre court et l’hélice à la limite du tableau arrière de l’IMOCA. Difficile de reculer davantage les poids. Ah si: des bâches textiles assurent la continuité du pont au-dessus des mèches de safran afin de pouvoir, là encore, matosser des voiles et soigner l’aérodynamisme.
