Le talent et la méthode
Calmement mais à contrecoeur, Clarisse tire la barre pour que ses équipiers reprennent l’amure et puissent reprendre ce fichu code 0 qui s’est déroulé alors qu’il allait être affalé sur la plage avant… , bien parti pour ce Tour de l’île de Groix en quatrième position devant , avait sa carte à jouer dans les conditions clémentes et devant nous, à une longueur derrière, tandis qu’au vent, légèrement en arrière, affûtent leurs foils. Loin devant, et . Rien n’est perdu. Erwan, Pierre-Emmanuel, Ronan et Yann resserrés autour de Clarisse ne manquent pas d’ardeur pour les manoeuvres, envoyant et affalant successivement les voiles d’avant. Le code 0 laisse la place au FRO à peine passée la pointe ouest de l’île de Groix, puis au J2 avant de renvoyer le FRO, de l’enrouler de nouveau pour une autre voile encore… Des voiles codifiées suivant la force et l’angle du vent. C’est l’un des objectifs des entraînements pré-Vendée Globe: apprendre à jongler instinctivement avec les configurations de voiles, de ballasts, d’angles de quille et de profondeurs de dérives pour que l’IMOCA donne le meilleur de lui-même. A chaque fois des centaines de mètres carrés à enrouler au moulin à café, des dizaines de kilos à ramener sur le pont, à plier, à matosser. Aujourd’hui il fait beau, la mer est plate et l’opération est menée de concert par un équipage averti. Qu’en sera-t-il en solitaire? Dans les mers du Sud? Clarisse préfère en rire: « C’est sympa l’IMOCA en équipage, ça envoie d’la voile! » Un sourire permanent, un brin de malice, de l’humour et de l’autodérision qui ne dissimulent pas un caractère volontaire. On n’est pas skippeuse professionnelle engagée dans l’une des plus grandes aventures en solitaire pour faire de la figuration.
