Les Américains restent les maîtres du suspense
« Nous ne savons toujours pas qui est le vainqueur de l’élection présidentielle. Mais nous savons qui en est le perdant : les Etats-Unis. » Comme Thomas L. Friedmandu les éditorialistes ont, en attendant la confirmation de la victoire de Joe Biden, conclu à une déconvenue pour l’Amérique, plus divisée que jamais. Mais le pays reste le maître en matière de suspense. Hollywood n’a qu’un seulrival : l’élection présidentielle américaine. Alors qu’en France le visage du vainqueur apparaît immuablement sur les écrans à 20 heures, le soir même du vote, le scrutin aux Etats-Unis est un show en soi, avec ses grands électeurs qui s’accumulent comme les points lors d’un match de basket-ball. En 2000, la Floride et ses machines à poinçonner avaient joué les prolongations. Mais, multipliant les incertitudes dans le Midwest, en Géorgie ou au Nevada, l’édition de 2020 a fait bien plus fort. Face à la large avance de Donald Trump dans plusieurs le spectateur pouvait croire à un incroyable come-back non prévu par les pronostiqueurs. C’était compter sans le revirement des votes par correspondance, largement favorables à Joe Biden. Une dramaturgie déjà insoutenable, mais rendue encore plus explosive du fait de la personnalité pyromane du président sortant. Le thriller hitchcockien a tenu la planète en haleine. Soudain, des étrangers ignorant tout des Grandes Plaines se sont passionnés pour le district d’Omaha dans le Nebraska, l’un des deux seuls Etats qui ne pratiquent pas la règle du « winner takes all (le vainqueur rafle tout) ». En France, ces élections ont dopé les audiences des chaînes d’info en continu, preuve que la domination culturelle américaine reste sans équivalent. La Chine va peut-être devenir la première puissance mondiale, mais ce n’est pas demain qu’on se lèvera, fébrile, à 5 heures du matin pour suivre la désignation des 200 membres du comité central du Parti communiste.
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