Vichy, ville sans mémoire
C’est ici que tout s’est joué, que l’infamie s’est dessinée avant de devenir réalité. Dans ce haut immeuble imposant et cossu du centre-ville devenu, avec le temps, lieu d’habitation pour gens aisés. Des galeries d’art au rez-de-chaussée, des plaques indiquant la présence de médecins et le siège du Rotary Club. Juste à gauche, l’office du tourisme. Rien de particulier alentour, si ce n’est ce petit monument, comme une stèle, posé sur le trottoir d’en face, à l’entrée d’un des nombreux parcs qui ornent la ville. « Le 26 août 1942, le gouvernement de l’État français, installé dans cet immeuble à Vichy, a déclenché sur tout le territoire de la zone libre une gigantesque rafle de Juifs étrangers, lit-on sur l’inscription. Plus de 6 500 d’entre eux, dont des centaines d’enfants, ont été arrêtés ce jour-là et livrés aux nazis en zone occupée, d’où ils ont été aussitôt déportés sans retour vers le camp d’extermination d’Auschwitz. […] N’oublions jamais. »
Nous sommes au cœur de Vichy, élégante et verte sous-préfecture de l’Allier (25 000 habitants) qui fut, quatre ans durant, de 1940 à 1944, la capitale de l’État français dirigé par le maréchal Pétain. Nous sommes plus précisément devant l’Hôtel du Parc, ce fameux immeuble qui abrita le cœur de l’administration française durant l’Occupation, en plus des appartements privés de Pétain. C’est Serge Klarsfeld, le célèbre avocat, notamment connu pour avoir, avec son épouse, Beate, retrouvé Klaus Barbie et permis son procès, qui fut à l’origine de la pose de la plaque face au bâtiment. explique-t-il. En 1992, pour les 50 ans des grandes rafles, lui et ses amis débarquent à Vichy avec la ferme intention d’apposer deux L’année suivante, un compromis sera trouvé avec la mairie, alors dirigée par Claude Malhuret, et la stèle sera officiellement inaugurée juste en face, à l’ombre des arbres du fameux parc.
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