Rolling Stone France

PLAY BLESSURES

Homegrown

Neil Young

REPRISE

LORSQUE NEIL YOUNG réunit des amis au pour leur jouer quelques nouvelles chansons, un soir de 1975, à Los Angeles, il a à ce moment-là deux nouveaux albums en boîte., sa méditation éreintante, à base de tequila, sur les amis disparus et la mort des années 1960 ? Ou l’autre disque, , plus difficile à cerner ? En surface, il rappelle le country-rock décontracté qui a fait de Young une star, mais cet extérieur chaleureux cache certaines de ses compositions les plus personnelles, si personnelles, en fait, qu’elles n’ont jamais été publiées. “”, dira même Young. Il faudra attendre 45 ans pour que le Loner daigne enfin le partager. Sur les douze chansons de l’album, sept n’ont jamais été publiées. lors de sa séparation avec Carrie Snodgress, l’actrice, mère de son premier enfant, Zeke. Young y a canalisé sa douleur dans des chansons pleines de vulnérabilité, d’insécurité et de doute de soi. Musicalement, revient au country-rock d’, sorti en 1972, dont une partie a elle aussi été inspirée par Carrie Snodgress, bien qu’à une époque plus heureuse. Là où était apaisé par le soft rock, est brutal. Ces sentiments presque primitifs dus à la perte de l’être cher colorent également les moments plus relâchés et plus insaisissables du disque. Ainsi sur “Kansas”, purement acoustique, Young semble imaginer que trouver un nouvel amour est une échappatoire impossible : “” Sa solitude donne également une qualité attachante aux morceaux les plus inattendus à l’instar du blues brumeux “We Don’t Smoke it No More” et le morceau titre ; ce ne sont pas des classiques, loin de là même, mais il est agréable d’entendre Young se détendre un peu alors qu’il se perd dans des jams avec ses amis, parmi lesquels on retrouve Robbie Robertson, Levon Helm ou Emmylou Harris, qui chante magnifiquement sur “Try”. En 1975, évoquait un idéal hippie qu’on qualifierait aujourd’hui de “bio”. Mais avec les années, on peut lui trouver des accents plus déprimants. Il est toutefois difficile d’imaginer un meilleur moment pour se poser et écouter des chansons engendrées par l’angoisse, la confusion et l’isolement. Cet album prouve que quelque chose de beau et de durable peut advenir même dans les plus difficiles circonstances.

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