Big Brother Xi is watching you *
C’était un jour d’avril froid et lumineux, et les horloges sonnaient 13:00. […] un tourbillon de poussière gravillonneuse […]. Le hall sentait le chou bouilli […]. » Les premières lignes de 1984, roman prémonitoire de George Orwell, résonnent en moi en ce printemps 2020.
Cette célèbre dystopie est en Chine une réalité. « Bien sûr, il n’y avait aucun moyen de savoir si on était observé à tel ou tel moment. À quelle fréquence et selon quelle règle la police de la pensée se branchait sur un réseau individuel, on ne pouvait que le deviner. Il était même possible qu’elle surveille chacun en permanence. »
Cette police de la pensée est en Chine une police politique qui tire une nouvelle légitimité du Covid-19. Big Brother s’est déguisé en chasseur de virus.
Depuis plusieurs semaines, ma vie à Pékin se décline en trois couleurs : vert, jaune, rouge. Pour me rendre dans une boutique, un bureau ou même chez le coiffeur, je dois dégainer mon téléphone portable et scanner un QR code. Il faut plusieurs minutes pour remplir le formulaire, de plus en plus complexe et détaillé. Photo, nom, prénom, numéro de passeport ou de carte d’identité, contrôle du numéro de téléphone, attestation de non-déplacement et inscription de sa température prise le jour même par un gardien armé d’un thermomètre qu’il pointe avec sérieux sur mon front ou mon poignet : 36,5 degrés ce jour-là. Je remplis le questionnaire électronique doublé d’une version papier où je confirme mon numéro de téléphone
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