CHRISTO EMBALLE PARIS
l’autofinancement étant un point essentiel de son travail, la garantie de sa liberté. Trente-cinq ans après l’empaquetage du Pont-Neuf, Christo renoue avec la capitale pour concrétiser une vision entamée en 1961, alors que Jeanne Claude peintures matiéristes influencées par Jean Dubuffet, les objets emmaillotés, les premières et inspirées de l’architecture new-yorkaise, prémices d’un travail qui prendra comme matériau le paysage lui-même, entre land art et art in situ. Suivent les narrations en images photographiques et croquis à main levée, des installations dans le monde entier: le mur de barils obstruant la rue Visconti en écho au mur de Berlin, les « nymphéas géants auréoles rose fuchsia autour des îles de Miami, les orange-safran dans Central Park à New York, jusqu’à la dissection, étape par étape, de l’empaquetage du Pont-Neuf. Dix ans de travail, 1975-1985, se racontent entre études, collages, maquettes, documentation pour l’élaboration, puis le témoignage des négociations avec les riverains et les institutions et enfin la réalisation pharaonique: le Pont-Neuf dans ses atours de polyamide couleur de la pierre d’Ile-de-France, changeante à la lumière du jour et vibrante à la nuit tombée. Les dessins du futur Arc de triomphe qu’il prévoit d’entourer de 25 000 mètres carrés de tissu recyclable en polypropylène argent bleuté, ceinturé de 7 000 mètres de corde rouge, soulignent les couleurs de la République. Parce que les emballages de Christo, au nombre du vingt-trois à ce jour sur quarante-sept imaginés, sont matière à penser. Un cadeau d’un géant de l’art, visible du 19 septembre au 4 octobre.
