Comment Trump a perdu la main
L e président a la moue boudeuse et renfrognée lorsqu’il apparaît dans la salle de presse de la Maison-Blanche, ce 31 mars à 17 heures, escorté des experts qui le conseillent dans la lutte contre l’épidémie. « Je veux que chaque Américain se prépare aux journées très dures qui nous attendent, lance-t-il. Les deux semaines qui viennent vont être très difficiles. Elles apporteront beaucoup, beaucoup de souffrances. » Son équipe vient de détailler les projections potentielles de l’épidémie pour les cas déclarés de Covid-19, de patients hospitalisés et de morts. Même si le confinement qui s’est peu à peu installé dans les États fédérés était maintenu, la Maison-Blanche n’exclut pas que la maladie puisse tuer entre 100 000 et 240 000 personnes. Mais Donald Trump, qui se définit ce jour-là comme un « cheerleader », le chef de l’encouragement et du réconfort, se fait aussi calculateur : « Si l’on peut tout faire pour être dans la fourchette basse de cette projection, au-dessous de 100 000 morts – je sais que c’est un chiffre effrayant –, ou même peut-être un peu moins, on pourra se dire tous ensemble que nous aurons fait du bon boulot. »
Serait-ce là le début de son argumentaire de campagne pour sa réélection ? Cela y ressemble. « Trump nous a d’abord fait croire qu’il avait été victime d’une défaillance du renseignement, il s’obstine à nier avoir été prévenu par ses propres services avant le mois de février, confie David Frum, ancien rédacteur des discours du président George W. Bush, aujourd’hui chroniqueur au magazine The Atlantic. C’est ce qui lui permet de dire le 22 janvier à Davos que ce virus finira bien par partir de lui-même. Ce n’est que le 31 mars qu’il reconnaît que
Vous lisez un aperçu, inscrivez-vous pour lire la suite.
Démarrez vos 30 jours gratuits