Le paradis – bientôt perdu? – des Arabes des marais
Abbas est affalé sur le buffle d’eau. La disproportion entre l’enfant et l’énorme animal, noir et cornu, est presque effrayante. Pourtant le petit garçon traite le bestiau comme une grosse peluche, s’appuie sur son flanc, les doigts plongés dans ses longs poils un peu rêches, raidis de boue. Normal, Abbas est un Arabe des marais, un habitant des marais de Mésopotamie, dans le sud de l’Irak. Une région où les buffles vivent avec les hommes et sont ce qu’ils possèdent de plus précieux. Un capital et une assurance-vie, tout à la fois.
Selon la Bible, c’est ici, entre les deltas du Tigre et de l’Euphrate, que se situait le mythique jardin d’Eden. De l’eau à perte de vue, de hautes herbes et des roseaux au milieu desquels nagent les buffles d’eau, monstres paisibles que les enfants rejoignent en quelques brasses. Un lieu hors du monde et hors du temps, très loin des violences qui secouent le reste du pays, une oasis en plein désert, littéralement.
Un éden qui a bien failli disparaître. Lors de la guerre contre l’Iran (1980-1988), d’abord,
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