Cataldo Aprea, inventeur du gozzo de plaisance
vec sa silhouette de catcheur, son œil pétillant, son sourire de star et sa gouaille napolitaine, Cataldo Aprea ne laisse personne de marbre. L’homme adore se raconter. Il est intarissable sur l’aventure du gozzo, ce pointu traditionnel de la presqu’île de Sorrente, à siècle. Après guerre, son père a l’idée d’installer un vieux moteur de Fiat Ballila dans les flancs du bateau de pêche qui avançait jusqu’alors à la rame ou à l’aide d’une voile latine. s’amuse Cataldo Aprea. La seconde minirévolution intervient en 1988 lorsque, à tout juste 24 ans, Cataldo Aprea fonde son propre chantier avec l’architecte Salvatore Pollio. Apreamare est né. Au grand dam de sa famille, il abandonne la construction en bois pour le stratifié de polyester et lance sur le marché ses premiers gozzos dédiés au grand public, tout en conservant le style traditionnel: poupe arrondie, ailerons stabilisateurs à l’arrière, coque à faux clins et ceinture d’acajou sur le haut du pavois... Cataldo Aprea a l’intuition que le style vintage appliqué à la plaisance a de l’avenir. Aux Etats-Unis, les fameux lobster-boats de Hinckley n’ont pas encore vu le jour. Petite marque régionale à ses débuts, Apreamare prend une autre dimension lorsque Antoine Mercurio découvre le gozzo au salon de Gênes, en 1993. Ce vendeur de bateaux hors pair installé à Saint-Tropez va faire des Apreamare la nouvelle coqueluche de la Côte d’Azur. Cinq ans plus tard, il a déjà vendu plus de 100 bateaux en France, la majorité étant amarrés dans le port de Saint-Tropez! C’est le début d’une folle décennie. Rachetée en 2001 par le groupe Ferretti, la marque prospère en Italie et à l’international. Une usine gigantesque sort de terre à Torre Annunziata, près de Pompéi. La marque monte en gamme et va jusqu’à produire d’excellents yachts (série Maestro). Avec la crise, tout s’écroule. En 2010, il se sépare du groupe Ferretti et reprend sa liberté. Le chantier vivote durant cinq ans, déserte les salons jusqu’en 2015, où la jeune holding Cose Belle d’Italia, spécialiste des entreprises du patrimoine italien, décide d’injecter de l’argent frais dans le chantier naval de la baie de Naples. Le Gozzo est le premier modèle de cette nouvelle collaboration. Cataldo a l’ambition de produire 20-25 bateaux par an.
