Huit acteurs majeurs de l’économie rotterdamoise
Ahmed Aboutaleb (1)
Bourgmestre de Rotterdam
Premier magistrat de sa ville, il en est aussi un symbole : la moitié de la population de Rotterdam a des origines étrangères et Ahmed Aboutaleb est né au Maroc, précisément à Beni Sidel, le 29 août 1961. Rien pourtant ne semblait prédestiner cet enfant du Rif marocain à devenir le bourgmestre de la deuxième ville des Pays-Bas et un homme politique d’envergure nationale. Fils d’un imam, il émigre à l’âge de 15 ans pour rejoindre son père, devenu agent d’entretien dans la capitale politique, La Haye. Après avoir appris la langue, il obtient un diplôme d’ingénieur et quitte Amsterdam pour Rotterdam. Une forme d’émigration de l’intérieur aux Pays-Bas, tant les deux villes sont rivales. L’homme se veut rassembleur, au-dessus des antagonismes, et entame sa carrière politique au sein du parti travailliste de centre gauche. Dans le système néerlandais, le bourgmestre n’est pas élu : le conseil municipal le désigne et il doit obtenir une confirmation royale pour occuper son poste. Premier maire musulman d’une métropole néerlandaise, Ahmed Aboutaleb débute son premier mandat en 2009, celui-ci est renouvelé en 2014. Sa position lui confère aussi une fonction d’ambassadeur, notamment pour la recherche d’investissements internationaux, rôle qu’il remplit avec application pendant que sa numéro 2, la jeune élue Barbara Kathmann, se concentre sur les affaires économiques locales. « Ahmed Aboutaleb fait beaucoup pour l’activité du port et de la ville, témoigne Paul Van den Bosch, le rédacteur en chef du quotidien de Rotterdam Algemeen Dagblad. Il est très professionnel et se révèle un excellent orateur. On dirait presque qu’il chante le néerlandais ! » Ses prises de position sans concessions contre le communautarisme islamique, notamment après les attentats de 2015 en France, lui ont valu une renommée internationale, mais aussi des inimitiés locales. Son poste sera remis en jeu en 2021. Il pourrait lui-même se tourner vers une carrière politique nationale. G. R.
Anoesjka Imambaks (2)
Directrice exécutive du Venture Café
N’imaginez pas cette jeune femme dynamique en animatrice pétillante d’un lieu branchéexplique cette diplômée en administration publique de l’université Erasme de Rotterdam. Si le groupe américain CIC – dont le site jouxte le MIT et l’université Harvard, près de Boston – a choisi Rotterdam pour sa première implantation européenne, c’est qu’il a apprécié sa forte connectivité et qu’il croit en son avenir. précise Anoesjka Imambaks. Cette pure Rotterdamoise a multiplié les boulots et les initiatives avant de prendre la direction du Venture Café en mai 2017. Elle croit dans la capacité d’innovation de ses concitoyens : «Chaque jeudi, l’équipe d’Anoesjka organise les Thursday Gatherings, un rendez-vous libre et gratuit qui réunit autour du bar central les entrepreneurs hébergés par le CIC avec des visiteurs de tous horizons. Dans une ambiance de coolitude assumée, le badge de rigueur indique le nom du participant et un numéro correspondant à son nombre de passages. En 2018, 14800 personnes sont passées par ce point de ralliement connu dans toute la ville. Organisation sœur de CIC, mais à but non lucratif, elle se finance avec des sponsors (des grandes compagnies néerlandaises et internationales, comme KPN, Rabobank ou EY) intéressés par la détection de start-up ou de talents prometteurs. Anoesjka Imambaks a aussi lancé un événement annuel, les Rotterdam Capital Days, trois jours consacrés aux problématiques de l’accès au financement, dont la deuxième édition s’est déroulée en septembre dernier. conclut la directrice exécutive.
