LES ATOUTS ÉMERGEANTS
’ampleur de l’événement milanais, qui réunissait le Salon du meuble, Euroluce et le parcours Off, s’est mesurée à la cohérence des manifestations et aux prises de position responsables. Triennale donnait le ton avec l’exposition « Broken Nature: Design Takes on Human Survival». Mais les alertes n’ont pas minimisé les célébrations de deux grandes maisons italiennes, les 50 ans d’Unifor au Palazzo Brera et les 70 ans de Kartell au Palazzo Reale. La relecture des palais, investis par les marques, et les usines désaffectées occupées par une génération créative traçaient dans la ville un parcours initiatique. Le concours de disciplines périphériques – architecture, art, mode – a entretenu la diversité culturelle des installations. La présence des designers internationaux était aussi un atout. Les uns, invités par les marques: les Chinois Neri et Hu pour Artemide, le Japonais Jo Nagasaka avec les Finlandais Artek, le studio danois OEO chez l’éditeur Stellar Works, ou l’Américain d’origine nigérienne Ini Archibong pour l’éditeur londonien Sé; d’autres, réunis en collectif, comme les Australiens de Local Design, le couple hollandais Kiki Van Eijk et Joost Van Bleiswijk installé dans le quartier 5 Vie ou encore Maarten Baas sur Ventura Centrale, jalonnaient le parcours. Oki Sato, du studio japonais Nendo, maître dans l’art de surprendre, investissait le nouvel espace Tenoha avec son expérience « Breeze of light» pour Daikin et déroulait « Shape of Gravity» chez WonderGlass à l’Instituto dei Ciechi. En extérieur, les architectes ouvraient un dialogue à grande échelle. Le duo chilien Pezo von Ellrichshausen renvoyait en miroir la cour du Palazzo Litta et l’installation «Conifera» du Français Arthur Mamou-Mani couvrait de pyramides tronquées en bioplastique l’entrée du Palazzo Isimbardi jusqu’à ses jardins. Les fleurs et les plantes de gagnaient la Piazza Duomo, une oasis verdoyante signée Sabine Marcelis. Les jardins se prolongeaient avec celui de Mark Colle, invité par Raf Simons sur l’installation pour Kvadrat. Mais l’utopie se devait de prendre la parole, Nina Yashar offrait au trio australien Haus-Rucker-Co les espaces du Nilufar Dépôt autour d’une succession de globes de verre, unités d’habitations d’, une œuvre manifeste présentée à Kassel en 1972.
