CONJUGAISON DE STYLES
out a été gardé, ravivé, ressuscité. Moulures rescapées, trumeaux et huisseries redorés, cheminées parfois déplacées, doubles portes de style tout en hauteur… Telle est la volonté du couple acquéreur, féru d’histoire napoléonienne et d’art contemporain, dont les lieux d’inspiration vont des cuisines du siècle. Dans cet écrin originel, seules les oeuvres des artistes et designers contemporains font place nette du passé. Les pochoirs et graffitis des street-artistes, C215, Blek Le Rat… se substituent aux portraits d’ancêtres, les fresques en céramique de Roger Capron aux tapisseries d’Aubusson, les chaises de Willy Guhl aux chauffeuses, la table « Liquid Marble » de Mathieu Lehanneur aux guéridons. Le lit souligne ses lignes XVIII par un velours mordoré fidèle à son époque mais dialogue avec de Gérard Zlotykamien. L’enfilade des salles de réception a été repensée par les architectes d’intérieur Raphaël Le Berre et Thomas Vevaud afin de créer chambres, salle de bain, cuisine et un surprenant hammam qui se dévoile derrière une porte sous tenture. Dès l’entrée, qui n’existait pas, entièrement dessinée par le duo Le Berre-Vevaud, le ton est donné condensant les éléments architecturaux d’origine, récupérés dans les autres pièces et mis en scène dans une symétrie agissant comme une loupe grossissante. La cheminée de marbre et son trumeau surligné à l’or fin font face à l’ascenseur qui arrive dans l’appartement. Le ton est posé. Fastes contemporains. Sculpture de Rudolf Wolf sur dallage de pierre brune à cabochons de marbre Marquina, oeuvre de Bansky surplombant une fontaine du XVIII siècle en marbre rouge, structures de métal de Bruno Romeda captant la lumière traversante, le passé épouse le contemporain le plus radical. Le salon accueille aussi les oeuvres de la collection, comme la chambre et la cuisine, jusqu’à la salle de bain. Le Berre et Vevaud soignent les perspectives de pièce en pièce, les renvois des objets dans les miroirs, les dialogues entre tableaux et sculptures.
