Acteurs singuliers
Quand le rideau se lève, rouge comme la couleur de la robe qu’elle choisira de porter pour se présenter, dans quelques heures, à son bourreau, la reine Marie Stuart (1542-1587), ou celle qui l’incarne ici,Vêtue d’une robe élisabéthaine d’un mordoré somptueux, elle égrène ses souvenirs.Tantôt figée dans un hiératisme magnétique, tantôt le corps tout entier secoué de gestes et mouvements saccadés, cette reine bientôt décapitée vocifère en sur-articulant. Sous l’effet de leur débit accéléré, rendus d’autant plus incompréhensibles que noyés dans la sonorité excessive de la musique, ses mots ne vont pas, ou trop peu, parvenir au spectateur. C’est dommage, car, dans cet exercice casse-cou de « déréalisation » d’un texte, Isabelle Huppert, qui joue ici Marie Stuart, est prodigieuse de bravoure, d’engagement et d’héroïsme. Qui d’autre que cette interprète, immense et intrépide, aurait pu réussir à clouer d’admiration l’auditoire, avec un spectacle qui, en dépit de son indéniable beauté formelle – mise en scène et lumières sont signées Bob Wilson – tape autant sur les nerfs. Pour elle, rien que pour elle, ce (joué en Français) vaut le déplacement.
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