Yann Queffélec*
Les chefs-d’œuvre ont un point commun, semble-t-il : leur notoriété. Dites ou et les moins initiés du troupeau lèvent le doigt. Dites(nouvelle de Balzac), et voilà nos forts en thème au bord du gaz. Légion, hélas, sont les chefs-d’œuvre inconnus au bataillon des postérités hors d’âge. roman de Jacques Audiberti, qui d’entre vous l’a lu ? Bien peu. Moi, par hasard. Bénies soient les fées qui m’en ont fait cadeau pour mes 13 ans (les bougies fumaient encore sur le quatre-quarts aux mûres). Depuis, j’y reviens sans cesse avec la même joie, la même impatience. se déroule à Milan dans les années 1950. Le maître est le même pour tous – c’est le temps qui passe et fane les illusions semées la veille. Génio, homme marié, quinquagénaire ardent, gouverneur de Lombardie, s’éprend un soir de Franca, la nièce de sa secrétaire, Mathilde, une vieille grenouille de bénitier, la ménopause amère. Franca est muette, elle est vierge, elle est douce, elle vit au secret chez sa tante, loin des hommes, infiniment moins belle et plus excitante que Bianca, l’épouse de Génio. Roman des amours interdites, renferme aussi – perle au vitriol – le roman d’un certain Prama, texte décalé, conçu et publié par Génio pour faire savoir au monde extérieur, à la tante en particulier, à Bianca, que l’amour est le seul antidote à l’angoisse de la vie. La fin ? Une si belle fin ne s’ébruite évidemment pas, même quand le dénouement recommence tout, la vie, l’amour, la fin. »
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