Côté Est

Nuits féeriques en Laponie

Parole de collectionneurs avertis et amoureux de ces immensités sauvages : sur le bord du lac Inari, soit le troisième plus grand lac du pays, Pekka et Hanneli Sillfors ont trouvé le cadre d’une villégiature ressourçante, doublée d’une galerie pointue qui met en vitrine leurs coups de cœur. Depuis leur loft lapon, ils expliquent que les saisons, dans ce Grand Nord où les astres jouent à cache-cache avec la ligne d’horizon, redoublent de et sa lumineuse obscurité. Teintée d’intensités bleues, violettes et pourpres, sa douceur est telle qu’elle est réputée apaiser les plus stressés ! Deux mois plus tard, le jour fait son retour dans une saisissante beauté, figée par un instinct de survie. Janvier est le mois le plus rude de l’année, comme l’enracine sa traduction en finnois : désigne le chêne, à la résistance inégalée dans les forêts finlandaises. Avec l’approche du printemps, la vie se remet à palpiter et bourgeonner, sans éteindre les aurores boréales. Entre septembre et mars, en Laponie du Nord, ces phénomènes naturels, collisions de gaz atmosphériques et de vents solaires, peuvent hypnotiser une nuit sur deux quand le ciel est dégagé. Avec leur sens naturel de l’observation depuis la nuit des temps, les Samis les appellent les , sans doute parce que ces jaillissements Technicolor peuvent disparaîre aussi vite qu’ils ont fait irruption ; certains soirs, à l’instar de la pleine lune, ces feux d’artifice sont en revanche tellement intenses qu’ils dispensent d’une lampe pour profiter du terrain de jeu. Ce n’est pas un hasard non plus si le seul peuple autochtone d’Europe, réparti entre la Finlande, la Suède, la Norvège et la Russie, a toujours considéré que l’année avait huit saisons. Ce calendrier est au pas des rennes qu’ils élèvent toujours, après avoir été chasseurs-cueilleurs, et de leur transhumance sur ce territoire relativement inhabité, qui compte autant de têtes de bétail que d’habitants: soit quelque 190000, pour une densité inférieure à 2 personnes au kilomètre carré ! Mosaïque de forêts, de taïga et de toundra, ces terres ancestrales, aurifères et riches en autres minerais, ont suscité bien des convoitises. Expropriation, acculturation: l’histoire se répète ici et là, au point que le terme «Lapon», péjoratif, désigne à peu près une personne dépenaillée... Depuis la création d’un conseil transfrontalier en 1956, puis l’inscription de leur statut dans la constitution finlandaise en 1995, les Samis portent haut leur identité. Il n’est qu’à les voir parader, loin de toute manifestation folklorique, dans leurs costumes brodés, déclinant selon les régions les couleurs de leur étendard : rouge pour le feu, bleu pour l’eau, vert pour la terre et jaune pour l’air, l’anneau symbolisant le tambour du chaman ; certains y voient aussi le Soleil et la Lune, autres éléments de la cosmogonie sami. Alors que la capitale de Laponie, Rovaniemi, met en vedette le Père Noël, il faut dépasser le cercle arctique pour rencontrer des indigènes plus authentiques! À 290 kilomètres plein nord, l’atterrissage, via Helsinki, se fait à Ivalo, dont la rivière charrie le mythe encore vivant de la ruée vers l’or lapone. C’est à quelques bouleaux de là que Pekka et Hanneli Sillfors ont rénové une cabane de bûcheron et mis en vitrine le meilleur du design finlandais, cadré par une patinoire à perte de vue où tintinnabule l’air cristallin. Plus à l’ouest, Inari est un autre ancrage sur le lac éponyme, aux portes de réserves naturelles plus terrestres. Avant de partir en exploration, depuis le charmant Javri Lodge par exemple, ce haut lieu de la culture sami vaut une halte pour son musée Siida, son centre culturel Sajos qui abrite son parlement, ainsi que ses boutiques d’artisanat, notamment de coutellerie: le sami est si emblématique que la biennale du design de Saint-Étienne lui a consacré une exposition en 2010. Près de la frontière russe, enfin, Nellim invite des Samis Skolts dans son paysage, nouvelle invitation à jouer les mushers en traîneau à chiens ou à rennes, à s’improviser pêcheur en forant la glace, à chasser les aurores boréales avec le renfort d’alertes par SMS, à s’oxygéner en raquettes ou skis, à se relaxer au sauna ; bref, à déconnecter… Un grand blanc, tous azimuts.

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