Côté Ouest

MAISONS SUPERPOSÉES

Écologique, patrimonial, esthétique, futuriste… Salué par une ribambelle de récompenses – Grand Prix Afex, Glasgow Institute of Architects Award, Surface Design Award, RICS Award, finaliste des RIAS/ RIBA Awards et des Dezeen Awards –, siècle. Plutôt que de faire table rase, le tandem formé par Lily Jencks, basée à Londres, et l’architecte français Nathanaël Dorent a choisi de transformer la contrainte en valeur ajoutée, en réfléchissant sur les nouveaux usages et la remise à plat des standards. Partant des pierres érodées, le projet illustre leur vision d’un temps arrêté. Les strates architecturales se superposent : à la pierre d’origine s’ajoute l’enveloppe en EPDM noir de la nouvelle construction, qui s’insère dans les vestiges et les relie. L’intérieur blanc, à géométrie variable, offre un deuxième contraste. En matière de mise en œuvre technique, les trois membranes du bâtiment présentent la même diversité. Contrairement à l’enveloppe extérieure, travaillée la « peau » intérieure a été réalisée à partir d’une ossature en bois et de blocs de polystyrène recyclé. Préfabriqués en atelier et assemblés sur place, ils ont été entoilés de fibre de verre et de résine blanche, matériau unique, du sol au plafond. Un choix qui accentue l’illusion de murs en perpétuel mouvement. Percé d’oculus, de portes en alvéole et d’ouvertures panoramiques, l’ensemble provoque un vertige sensoriel saisissant. Traversé par des pans de mur en ruine séparant séjour et coin repas, ce volume organique joue sur les strates croisées, entremêlées, encapsulant autant de moments et de styles d’architecture. Pour finir, l’enveloppe, hautement isolée, et l’alimentation à l’énergie solaire signent l’éthique des lieux. En dépit de la radicalité des choix mis en pratique ici, le projet séduit par son équilibre. Agrément, confort, convivialité offrent une qualité de vie remarquable. Les auteurs de Ruins Studio partagent une complicité créative, née sur les bancs de l’université de Pennsylvanie. tel est le credo de Nathanaël Dorent. Pour provoquer le spectateur, déclencher des sensations, jouer avec les limites, stimuler la perception ou perturber les repères... Autant de défis qu’il partage avec Lily Jencks au fil de fructueuses collaborations.

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