Côté Paris

RETOUR À LA TERRE

u Musée Yves Saint Laurent à Marrakech, créé par le Studio KO, inauguré fin 2017, et déjà iconique, au premier cinéma en terre crue du collectif Encore Heureux, cette matière-matériau revient sur le devant de la scène de l’architecture. Selon les estimations, d’ici à 2060, chaque mètre carré déjà construit aura doublé, ce qui équivaut à construire New York tous les mois pendant les quarante prochaines années. Or la construction représente plus de 35% de la consommation finale d’énergie dans le monde et près de 40% des émissions de CO2. Il y a donc urgence à bâtir autrement, en terre coulée, en pisé, bauge, adobe, torchis, enduit. Quelques architectes mettent en place ces pratiques vertueuses, invitant à leur emboîter le pas, pour des réalisations aux empreintes plus légères pour la planète, une ère de l’Anthropocène qui tournerait bien, rond. Ouverture de la première fabrique de terre crue à Sevran, réactivation de savoir-faire oubliés, développement d’une véritable filière des déblais de chantiers aux laboratoires d’études, à l’artisan, ces projets témoignent de l’engagement d’équipes pionnières. D’autres, céramistes et artistes, œuvrent à enterrer la société de consommation, en proposant des objets sensibles, porteurs de leur démarche créative, poétique ou philosophique, non jetables, indémodables, esthétiquement éthiques, durablement attachants. Les puzzles muraux modernistes d’Olivia Cognet, les lampes Bunker ou les vases Punk de Kalou Dubus, les fresques mythologiques de Basile Boon explorent les champs des possibles de la céramique, infusant quelque magie dans les intérieurs. Les designers imaginent des jeux de construction intérieurs à partir de briques hexagonales pour Konstantin Grcic et d’éléments modulaires émaillés avec les frères Bouroullec. Quant à Frédérick Gautier, hier directeur artistique dans le cinéma puis diplômé de l’École du paysage de Versailles et sculpteur, il s’inspire des paysages urbains pour imaginer des outils du quotidien en céramique, nommés ses « eat-outils». Ses théières, coupes, assiettes sont des micro-architectures empruntées aux bâtiments signés Niemeyer, Le Corbusier, Pinsard… Ellestendentà signifierquenousnesommespasfaceaux paysages mais dedans, en en faisant partie, intégralement. L’ensemble de ces acteurs, à travers des approches créatives diverses, rappellent « cette communauté

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Adresses page 152 ■

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