BASTIA ET LE CAP CORSE ENTRE MONTS ET MERVEILLES
Prendre la route, le maquis ou la mer, la promesse est multiple. Les sens sont en alerte dès la sortie de l’avion. L’odeur du figuier sauvage remplace vite celle du kérosène. Fouler le tarmac de l’aéroport de Bastia-Poretta et». Le vert sombre des montagnes se colore du bleu aigue-marine des mers, Méditerranée à l’ouest, Tyrrhénienne à l’est, les îles de l’archipel toscan à l’horizon: Elbe et Capraia. Les villages de peu de maisons s’accrochent à la roche comme suspendus ou soulignent une anse. La végétation délivre autant de couleurs que d’arômes, pluralité paradisiaque : ciste à feuilles de sauge, calicotome épineux au goût de miel, myrte, romarin, genévrier, immortelle… Les papillons, en bande, virevoltent entre les fleurs sauvages, les abeilles, si nombreuses qu’on ne peut penser qu’elles sont en voie de disparition, les pollinisent méthodiquement pour un miel à la saveur intense, les lézards se faufilent dans une nature préservée. Les oiseaux que l’on croyait disparus, passereaux et guêpiers, entonnent leur chant. Chacun se laisse observer. Ils savent qu’ici, ils sont plus nombreux que les hommes. Les haltes, de Brando à Rogliano en redescendant par Centuri, Nonza jusqu’au golfe de Saint-Florent, invitent à partager l’histoire des Cap-Corsins. Des récits d’aventuriers à la conquête des Amériques au XIX , des moines capucins, des anciens, jusqu’aux personnalités contemporaines aux visions prospectives, tout se superpose, entre mémoire patrimoniale, souvenirs d’enfance et volonté de perpétuer ce paradis hérité. À Bastia, comme dans les endroits reculés, on redouble d’inventivité, on anticipe, on expérimente. Beaucoup de trentenaires réinvestissent les maisons des ancêtres, les réhabilitent et les ouvrent à l’autre de passage. Ils s’engagent dans l’artisanat local et réactivent des cultures délaissées à l’exemple de Xavier Calizi réintroduisant le cédrat dont la pulpe gagne en douceur sous les auspices ensoleillés et arrosés des hauteurs. Ne dit-on pas qu’elles sont le «château d’eau», accrochant les nuages. Un deuxième phénomène de réappropriation identitaire, est en marche, version 2020, dans un désir d’incitation à penser une autre façon de vivre, même le temps d’un week-end. « », avait dit Jean-Jacques Rousseau appelé par Pasquale Paoli à réfléchir à une nouvelle constitution. Lieux, figures, initiatives projets… racontent cette envie de construire un avenir sur la mémoire qui les a portés. Cap sur une belle destinée !
