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La dynastie husseinite 1705-1957
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La dynastie husseinite 1705-1957
Livre électronique123 pages1 heure

La dynastie husseinite 1705-1957

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A l’instar des Mouradites, les Husseinites font valoir que leur pouvoir est une émanation de l’autorité ottomane. Leur référence à la conquête ottomane de la Régence de Tunis, en 1574 – célébrée par leurs historiographes, comme un acte fondateur – constitue la pièce maîtresse de l’argumentaire de leur discours de légitimité. Venus au secours d’un peuple musulman, pour assurer la sauvegarde de la parole de l’Islam, selon l’expression consacrée et reprise par Ben Dhiaf, les Ottomans ont réalisé le deuxième fath (l’ouverture glorieuse à l’Islam), réactualisant, d’une certaine façon, l’épopée de l’expansion de l’Islam en Ifrikya. Nous avons affaire à un véritable discours politique, qui se propose de légitimer le régime beylical d’essence ottomane et justifier la prééminence de la caste turque, dans la Régence. Mais ne perdons pas de vue que les grands chefs d’État avaient beaucoup de pouvoirs et de moyens. Ce ne fut pas le cas des beys de Tunis. Les Husseinites ont certes transgressé l’autorité ottomane, au XIXe siècle ; mais l’ère précoloniale institua une dépendance effective. Les beys étaient soumis aux consuls de France et de la Grande Bretagne. La colonisation les a érigés en « souverains » de l’ombre. L’indépendance les a réduits aux statuts de gardiens du palais. Ce livre se propose d’écrire l’histoire husseinite avec ses ères de grandeurs et celles de décadence. Hammouda Pacha, dit Ben Dhiaf, fut la pièce maîtresse du collier husseinite. Ahmed Bey institua les réformes et condamna l’esclavage. Sous le protectorat, Moncef Bey tenta de restaurer l’autorité nationale. Il fut d’ailleurs destitué par le pouvoir colonial. Ce fut peut-être la chance de la Tunisie : si l’indépendance est réalisée, sous son autorité, la Tunisie serait une monarchie…
LangueFrançais
ÉditeurNirvana
Date de sortie10 déc. 2025
ISBN9789938532517
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    Aperçu du livre

    La dynastie husseinite 1705-1957 - KHalifa Chater

    Préface

    Les Tunisiens ont une vision négative de l’histoire des Husseinites. La monarchie ne suscite guère de nostalgie : Depuis la colonisation et davantage depuis l’indépendance, les beys sont en marge de la dynamique politique. Rupture évidente, induisant un changement social important. Il y a une ‘‘discontinuité qualitative’’, selon l’expression d’Emile Durkheim, le théoricien de l’école sociologique française. Avec l’indépendance, une ère s’achève. La prise du pouvoir du Néo-Détour est un fait accompli. La coexistence entre le pouvoir beylical et la nouvelle autorité nationaliste était exclue. L’existence du pouvoir beylical est désormais perçue, comme un anachronisme. Le leader Habib Bourguiba ne pouvait s’accommoder de cette ‘‘autorité’’ officielle, dont les prétentions ne tenaient pas compte des nouveaux rapports de forces. Lamine Bey et son fils aîné, son chef de cabinet étaient une survivance, une séquelle de l’ancien régime. La démocratie populaire, nouvellement établie - fit-elle plutôt théorique car il s’agissait d’un fait d’annonce – ne pouvait accepter l’inégalité entre les nombreux princes qui jouissaient d’un traitement de faveur et l’ensemble des citoyens, ayant transgressé leur statut de sujets. D’ailleurs, le régime beylical était miné de l’intérieur. Il n’a guère été regretté. Sa chute allait de soi, avec l’indépendance.

    Mais l’historien ne peut assumer une vision rétrospective, qui juge le passé avec les valeurs du présent. Il doit rétablir la vérité et corriger les lectures actuelles. Ne perdons pas de vue que les grands chefs d’État avaient beaucoup de pouvoirs et de moyens. Ce ne fut pas le cas des beys de Tunis. Les Husseinites ont certes transgressé l’autorité ottomane, au XIXe siècle ; mais l’ère précoloniale institua une dépendance effective. Les beys étaient soumis aux consuls de France et de la Grande Bretagne. La colonisation les a érigés en « souverains » de l’ombre.

    L’indépendance les a réduits aux statuts de gardiens du palais. Nuançant notre jugement, nous devons réécrire l’histoire husseinite avec ses ères de grandeurs et celles de décadence. Hammouda Pacha dit Ben Dhiaf fut la pièce maîtresse du collier husseinite. Ahmed Bey institua les réformes et condamna l’esclavage. Sous le protectorat, Moncef Bey tenta de restaurer l’autorité nationale. Il fut d’ailleurs destitué par le pouvoir colonial. Ce fut peut-être la chance de la Tunisie : Si l’indépendance est réalisée, sous son autorité, la Tunisie serait une monarchie.

    L’histoire tunisienne en question

    ‘‘La plupart des hommes ont des incidents.

    Quelques-uns ont des destins.’’

    (Louis Pauwels, Blumroch l’admirable,

    Éd. Gallimard, p. 129)

    Les acteurs tunisiens présentent différentes chronologies de l’histoire ou plutôt n’adoptent pas le même point de départ de leurs chronologies : la composante berbère, Elyssa, la phénicienne, le fath musulman, le 2ème fath ottoman, l’ère des réformes ou même le début du protectorat.

    L’histoire traditionnelle : Occultant l’histoire de l’antiquité et ses principaux acteurs : Phéniciens, Romains, Vandales, Byzantins, elle commence par le fath musulman, la conquête arabe¹. Remarquons cependant que les chroniques retraçant cette période sont tardives : Pas d’archives, pas de récits de voyageurs étrangers. Il faut se rabattre sur des chroniques arabes postérieures aux événements. Ibn Khaldoun manifeste, dans sa relation historique, un esprit critique. Malheureusement son récit de la conquête est postérieur de sept siècles aux événements².

    Mythes et réalités retracent cette histoire, des différentes interventions du grand conquérant Okba Ibn Nafaa, de la création de la capitale Kairouan, loin de la cote et des batailles contre les Romains, puis les berbères : Au cours de cette période, s’illustre la grande héroïne Dihya, plus connu sous le nom d’al-Kahena, (La prêtresse) incarnant la résistance. C’est une reine guerrière berbère qui combat les Omeyyades, lors de la conquête musulmane du Maghreb au VIIe siècle. Après plusieurs succès contre les envahisseurs musulmans, Dihya meurt au combat, dans les Aurès, en 703. Selon Zineb Ali-Benali, historienne et professeur des universités algériennes, Dihya aurait réussi, en son temps, à unifier la Berbérie. Tout en insistant sur ses qualités de chef militaire, elle indique que cette reine berbère figure ‘‘ parmi les rares femmes au parcours politique aussi exceptionnel³’’. Les mouvements berbéristes la considèrent comme une icône de l’amazighité⁴. Elle est également une figure historique et identitaire des Chaouis ainsi que des Berbères, en général.

    Après l’évocation des dynasties aghlabite puis hafside, l’historiographie tunisienne fait valoir le Fath ottoman, au XVIème siècle, après l’ère de la course, la période précoloniale.

    Les Berbères : Ils s’appellent plutôt Amazighs, qui qualifie les hommes libres ou les hommes nobles. Premiers habitants de l’Afrique du Nord⁵, ils subissent une succession d’invasions et de dominations étrangères : celle des Phéniciens et de leurs successeurs, les Puniques, de la fin du IIe millénaire avant J.-C. jusqu’à la destruction de Carthage (-146), celle de Rome (-146 à + 439), celle des Vandales (439 à 533), des Byzantins (533 à 647), des Arabes qui apportent l’islam (la conquête est achevée au début du VIIe siècle), celles des Turcs Ottomans (début du XVIe siècle), enfin celle des puissances coloniales européennes à partir du XIXe siècle. Depuis longtemps, les Berbères furent dominés et marginalisé par les conquérants successifs. Mais leur société, leur culture et leur territoire recelaient sans doute de capacités de résistance exceptionnelle. Islamisés, la majorité d’entre eux ont adopté la culture arabe.

    La geste hilalienne : Chant épique identitaire, elle retrace dans une forme narrative et poétique, les diverses pérégrinations d’une confédération de tribus issues de la péninsule arabique depuis les hauts plateaux du Najd en Arabie jusqu’aux confins du Maroc. Se présentant comme un autre point de départ de l’histoire tunisienne, ce discours narratif complexe, relate les exploits d’une multitude de héros, parfois antagonistes, ‘‘pris dans la tourmente de la faim et les vicissitudes d’un immense voyage à résonance initiatique’’. Qu’elle soit en vers ou en prose ou qu’elle alterne les deux à la fois, la Geste hilalienne se répartit conventionnellement sur trois cycles. Les deux premiers relatent des événements qui se déroulent en Arabie et en Égypte notamment. Le troisième concerne la migration des tribus hilaliennes vers l’ouest, c’est-à-dire vers le Maghreb. Ce mouvement long et périlleux nommé Taghriba, littéralement ‘‘marche vers l’ouest’’, s’est étendu sur plusieurs siècles. Ce dernier cycle présente une lecture hilalienne de l’histoire tunisienne, avec ses héros et sa célébré héroïne, la belle combattante al-Jazia. Elle est aussi un personnage de tragédie pour son histoire avec l’émir Dhiab⁶. Parfois, cette histoire est entièrement basée sur l’oralité où la performance du poète joue sur une alternance entre improvisation et mémoire.

    Ibn Khaldoun compare les Hilaliens à une armée de sauterelles dévastant tout sur son passage. L’émigration hilalienne parachève l’œuvre d’islamisation et d’arabisation du fath.

    La trilogie tunisoise : Les Tunisois font valoir trois valeurs : le beylicat, la Zitouna et les oulémas. Proximité du pouvoir, les Tunisois gardent de bonnes relations avec les beys. D’autre part, leurs oulémas restent attachés à la mosquée-université de la Zitouna, l’ainée d’el-Azhar. Le cheikh al-islam malékite y joue un rôle dominant. Ils inscrivent leurs visions, dans Tunis-capitale plutôt que dans l’ensemble du pays. D’autre part, les oulémas tunisois constituaient une caste. Analysant les biographies des oulémas de l’œuvre d’Ibn Abi Dhiaf, Carl Brown le confirme⁷ : 71des fils des oulémas sur 96 appartiennent à l’établissement religieux et 16 appartiennent aux vieilles familles. D’autre part, 45 des fils des oulémas appartiennent à l’établissement religieux. Si on examine les trois générations, 32 sur 35 appartiennent à l’établissement religieux. La plupart des

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