Explorez plus de 1,5 million de livres audio et livres électroniques gratuitement pendant  jours.

À partir de $11.99/mois après l'essai. Annulez à tout moment.

Le Poison de Jupiter
Le Poison de Jupiter
Le Poison de Jupiter
Livre électronique228 pages2 heures

Le Poison de Jupiter

Évaluation : 0 sur 5 étoiles

()

Lire l'aperçu

À propos de ce livre électronique

Elle avait le regard doux et triste des femmes qui pressentent qu’un malheur va arriver. C’est la pensée qui traverse l’esprit du docteur Luc-Aurélien Branner, lorsqu’il s’apprête à communiquer son diagnostic à Patricia, la maman de sa toute jeune patiente. Une tâche ingrate à laquelle il ne s’habituera jamais, mais qu’il a appris à accepter. Face à lui, une femme déterminée à tout pour offrir à sa fille tout l’amour et tout le bonheur qu’elle mérite. Parce qu’elle a compris qu’il était inutile d’espérer et qu’une funeste issue est inéluctable, Patricia décide d’offrir à sa fille, une vie loin des hôpitaux, n’hésitant pas à tromper médecin et proches pour recréer un cocon d’amour. Quelques mois, une année ou deux, peu importe le temps, sa vie sera tout entière dédiée à sa fille.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Thalie de Rossens est née en 1967 en Nouvelle-Aquitaine. Elle a d'abord exercé comme infirmière en cardiologie, métier qu'elle a quitté à la naissance de sa fille. Vouant une passion pour les mots, elle lui écrit des histoires et pièces de théâtre. En 2020, un premier livre paraît, "Lui, mon coeur", mais c'est "Le poison de Jupiter" qui marque un tournant dans sa carrière. Un premier roman dont elle dit avoir eu du mal à se séparer de ses personnages tant elle les aimait. Elle vit actuellement à Bordeaux avec sa famille et se consacre pleinement à l'écriture, explorant divers genres littéraires.
LangueFrançais
ÉditeurLe Lion Z’Ailé de Waterloo
Date de sortie4 déc. 2025
ISBN9782390660712
Le Poison de Jupiter

Auteurs associés

Lié à Le Poison de Jupiter

Vie familiale pour vous

Voir plus

Catégories liées

Avis sur Le Poison de Jupiter

Évaluation : 0 sur 5 étoiles
0 évaluation

0 notation0 avis

Qu'avez-vous pensé ?

Appuyer pour évaluer

L'avis doit comporter au moins 10 mots

    Aperçu du livre

    Le Poison de Jupiter - Thalie de Rossens

    LE POISON DE JUPITER

    THALIE DE ROSSENS

    LE POISON DE JUPITER

    Roman

    Une image contenant logo Description générée automatiquement

    Tous droits réservés pour tous pays.

    Il est interdit, sauf accord préalable et écrit de l’auteur, de reproduire partiellement ou totalement le présent ouvrage, de le stocker dans une banque de données ou de le communiquer au public, sous quelque forme et de quelque manière que ce soit. Le Code de propriété intellectuelle n’autorise que les copies ou reproductions strictement réservées à l’usage privé du copiste et non destinées à une utilisation collective ; il permet également les courtes citations effectuées dans un but d’exemple ou d’illustration.

    Dépôt légal : Septembre 2024

    Bibliothèque royale de Belgique, Bruxelles

    D/2024/14.595/15

    ISBN 978-2-39066-071-2

    Illustré par Chadi Alzheim

    Éditions du Lion Z’Ailé de Waterloo

    Imprimé et relié à Canejan (France) par CopyMédia

      Mon enfant, ma sœur,

      Songe à la douceur

    D’aller là-bas vivre ensemble !

      Aimer à loisir,

      Aimer et mourir

    Au pays qui te ressemble !

    Charles Baudelaire, Les Fleurs du mal

    Chapitre I

    Fin octobre 1988

    Patricia stationna sa voiture le long du mur qui jouxtait l’école de sa fille. Elle regarda au travers du pare-brise, une petite pluie fine commençait à tomber. Elle soupira et fouilla sous le siège passager pour trouver un parapluie, puis se dirigea vers le grand portail noir qui déversait son flot d’écoliers. Les maîtresses accompagnaient leur classe et remettaient chaque enfant à son parent. Elle vit au loin madame Paneuil, l’enseignante de sa fille.

    Patricia ferma son parapluie, qui la gênait pour avancer au milieu des parents agglutinés devant le portail, et fut surprise de ne pas découvrir le ravissant visage de Maroussia derrière les grilles.

    — Madame Casal !

    Patricia vit madame Paneuil qui la hélait.

    — Venez me trouver, il faut que nous parlions, dit l’enseignante.

    — Que se passe-t-il ? Maroussia est punie ?

    — Non, pas du tout. Le directeur a essayé de vous téléphoner plusieurs fois, mais vous n’étiez pas chez vous, dit précipitamment la fonctionnaire.

    — Oui, je ne travaillais pas aujourd’hui, j’en ai profité pour voir une amie, répondit Patricia, qui avait du mal à comprendre où voulait en venir l’institutrice.

    — Venez avec moi à l’intérieur, nous serons plus tranquilles pour parler.

    Intriguée et inquiète, Patricia pénétra dans l’école.

    — Maroussia a fait une syncope pendant le cours de gymnastique. Le SAMU l’a hospitalisée au CHR de la commune voisine.

    Patricia écoutait, les images défilaient dans sa tête, elle s’imaginait sa petite fille courant pour faire plaisir à son professeur, s’écroulant sur le sol, et elle, sa maman, qui n’était pas là pour la prendre dans ses bras, la rassurer. Elle se leva sans un mot et reprit son parapluie.

    Dans le couloir qui la ramenait au portail, madame Paneuil la suivait en essayant de la réconforter par quelques hypothèses : ce n’est sûrement pas grave, sans doute une hypoglycémie, elle n’avait peut-être pas beaucoup mangé à la cantine, ils vont la garder en observation et lundi, c’était certain, elle serait de retour dans sa classe de CP avec tous ses amis.

    Patricia se retourna et comme elle était polie, elle lui souhaita une bonne soirée.

    Assise dans sa voiture, elle mit sa tête entre ses mains, elle voulait laisser le temps à son cœur de se calmer et à ses mains d’arrêter de trembler, puis comme dans un rêve, elle tourna la clé de contact. La petite R5 grise émit son ronronnement habituel, et Patricia se mit en route pour l’hôpital voisin.

    Tout en conduisant, elle se remémorait ces derniers mois avec sa fille. Celle-ci paraissait en forme, pas de maladie durant l’été, puis ça avait été la rentrée dans cette école primaire. Elle était contente, commençait à lire, à écrire.

    Soudain, une idée traversa son esprit : devait-elle avertir le père de Maroussia ?

    Elle haussa les épaules, cet idiot de Laurent s’en fichait bien, de sa fille ! Il n’avait pas hésité à les laisser toutes les deux pour aller voir ailleurs, donc il pouvait rester dans l’ignorance.

    Le grand panneau « HÔPITAL - SILENCE » la tira de sa rêverie. Elle trouva facilement une place et se dirigea vers les urgences.

    Cela faisait une demi-heure qu’on la trimballait d’un bout à l’autre de l’hôpital quand enfin, une infirmière lui indiqua le service des échographies. Elle n’avait pas encore revu sa fille, qui devait certainement se sentir seule et désemparée dans cet univers inconnu.

    Elle fixa la porte orange face à elle, regarda sa montre, déjà dix-huit heures quarante-cinq. La porte s’ouvrit brusquement, la faisant sursauter.

    — Vous êtes la mère ? demanda un médecin, maigre, avec une tête de fouine et des cheveux prématurément blancs malgré sa petite trentaine.

    Patricia s’approcha et le toisa. Avec son mètre soixante-quinze, elle n’avait pas de mal à le regarder de haut.

    — Oui, je suis sa maman, dit-elle en insistant bien sur le mot, pour lui faire remarquer que lorsqu’on a six ans, on a une maman et pas une mère.

    Il ne fit pas l’effort de se présenter et attaqua un monologue qui devait certainement être le résultat de l’échographie. Patricia allait l’interrompre pour qu’il clarifie son charabia en langage commun quand il prit un ton de reproche.

    — Vous n’aviez pas remarqué qu’elle était essoufflée, qu’elle se fatigue plus vite ? Vous lui avez donné des médicaments ces derniers temps ? Eh bien, vous ne la surveillez pas beaucoup !

    Patricia le regarda avec des yeux ronds. De quel droit la jugeait-il ? Que savait-il de sa vie ? Elle voulait lui dire qu’elle était seule pour l’élever, qu’elle se saignait aux quatre veines pour qu’elle ne manque de rien, qu’elle était sa raison de vivre et que toujours elle la faisait passer avant elle.

    Mais à quoi bon parler d’amour filial à cet inconnu qui ne connaissait rien d’autre que la technicité de sa machine à échographie ?

    Devant son silence, le médecin se résolut à la laisser entrer dans la pièce.

    — Je vais lui trouver un lit pour la nuit et ensuite, elle sera transférée dans un centre spécialisé, lui dit-il.

    — Maman !

    La petite voix résonna dans la pièce sombre et fraîche.

    — Je suis là, mon trésor, j’ai eu du mal à te trouver. C’est qu’il est grand, cet hôpital ! lui dit Patricia d’une voix qu’elle voulait légère pour ne pas laisser deviner à sa fille combien son inquiétude était grande.

    Maroussia était couchée sur une table d’examen, une infirmière enlevait délicatement avec des serviettes en papier le gel étalé sur sa poitrine.

    — Elle a été courageuse, vous savez.

    La soignante qui était très souriante regarda Patricia qui, visiblement, était contrariée par sa rencontre avec le médecin.

    — Ne lui en voulez pas, il est toujours comme ça avec les jolies femmes. Il est aigri !

    — Je me fiche bien de lui, répondit Patricia en prenant la main de sa fille dans la sienne. Ce qui m’ennuie, c’est que je n’ai rien compris de ce qu’il m’a dit. Pourquoi doit-elle aller dans un autre hôpital ?

    — Ce n’est pas à moi de vous expliquer tout ça, mais je veux bien vous donner les grandes lignes de la maladie de votre fille. Le reste, vous le demanderez aux médecins, d’accord ?

    — D’accord, dit Patricia avec reconnaissance.

    Baissant la voix, l’infirmière lui expliqua que Maroussia souffrait d’un épaississement des cavités cardiaques, d’où la syncope pendant l’endurance.

    — Un traitement existe, n’est-ce pas ? demanda Patricia en serrant convulsivement la main de sa fille.

    — Vous demanderez aux médecins, dit l’infirmière d’une voix ferme qui laissa supposer que le temps des confidences était terminé.

    La petite fille fut placée dans une grande chambre, deux autres enfants lui tenaient compagnie. Un appareil pour surveiller son rythme cardiaque lui fut posé en plus de la voie veineuse mise en place par le SAMU.

    Patricia attendit en vain qu’un médecin vienne lui parler, mais apparemment, ce soir-là, le service était surchargé.

    — Maman, je voudrais Doudi. Je ne pourrai pas dormir sans lui.

    Patricia se leva d’un bond. 

    — Je vais le chercher, je t’apporte aussi un pyjama et ta brosse à dents. Je t’aime, mon amour, lui dit-elle en l’embrassant.

    À vingt-deux heures, l’infirmière ne fit aucune difficulté pour donner le doudou que Patricia venait d’apporter à Maroussia, mais elle ne l’autorisa pas à retourner lui faire un câlin, et c’est le cœur gros qu’elle reprit le chemin de son appartement.

    Maroussia rentra chez elle le lendemain, sa future hospitalisation dans un service de cardiologie n’était programmée que dans quinze jours. En attendant, elle devait se reposer, l’école était proscrite, ainsi que les efforts propices à un nouveau malaise.

    Personne n’avait été capable de poser un diagnostic définitif, et Patricia se persuadait déjà que cette aventure allait bientôt prendre fin. C’était certainement une erreur faite par les médecins trop zélés d’un hôpital communal.

    Sa fille n’avait jamais eu de soucis de santé jusqu’à présent, à six ans, on n’a pas de problème cardiaque ! Elle hocha la tête comme pour confirmer cette affirmation.

    Dans la cuisine, la radio diffusait une chanson de Niagara, Patricia augmenta le son et se laissa emporter par la voix chaude de Muriel. C’était la chanteuse préférée de sa fille et elle se promit qu’un jour, elle l’emmènerait la voir en concert.

    Le téléphone sonna dans le couloir, elle diminua le son et courut jusqu’à l’appareil.

    La voix dans le combiné fit monter en elle une exaspération qu’elle eut bien du mal à dissimuler.

    Sa mère, Magdalena, était bien la dernière personne avec qui elle souhaitait parler.

    Celle-ci s’était proposée pour venir garder Maroussia pendant quelques jours afin que sa fille reprenne le travail, mais rien que d’y penser, Patricia sentait un mal-être l’envahir.

    Mère et fille, depuis la mort du père de la jeune femme douze ans plus tôt, se déchiraient, mais leur profonde incompréhension s’était amplifiée lorsque les deux femmes s’étaient retrouvées seules après le départ du frère aîné pour le Canada.

    Magdalena avait rencontré son futur mari alors que celui-ci passait des vacances en Espagne ; profondément amoureuse, elle avait quitté son pays pour le beau Français, s’était mariée, mais son patriotisme restait bien ancré. Lorsque leur fils était né, elle avait refusé qu’il porte un prénom autre qu’espagnol, le père avait cédé, mais avait obtenu sa revanche avec leur deuxième enfant, Patricia.

    La petite fille était toujours restée dans l’inconscient de sa mère la Française, car Magdalena, ne s’étant jamais sentie chez elle dans son pays d’accueil, se raccrochait à tout ce qui lui rappelait ses origines, à part un petit accroc pour la décoration française, qu’elle trouvait plus raffinée.

    Patricia n’avait pas reçu d’amour maternel, celui-ci était réservé à Alejandro, dont la personnalité était étouffée par les bondieuseries et les discours à la gloire du peuple hispanique, tant et si bien qu’à l’âge adulte, Alejandro était parti mener enfin une vie dénuée de dictature.

    Magdalena s’était acharnée à modeler sa fille et pensait avoir réussi lorsque celle-ci s’était enfuie du bercail avec un jeune blanc-bec.

    Même après la naissance de sa fille et l’abandon par Laurent, la rebelle avait refusé de revenir dans le giron maternel et, ô suprême trahison, avait donné à son enfant un prénom russe pour enfoncer plus profondément encore la banderille dans le cœur de sa mère. Celle-ci, pendant des mois, avait fait semblant de ne pas retenir le prénom de sa petite-fille et l’avait affublée d’un prétendu diminutif, Maria.

    Tout dans le physique de Magdalena laissait voir combien elle était hautaine, fière : sa haute taille, ses cheveux noirs tirés en arrière et rassemblés en un chignon impeccable, ce regard sombre qu’elle posait sur son entourage et cette façon unique de rabaisser ceux qu’elle considérait comme inférieurs à elle.

    Patricia endurait, mais depuis quelques mois une révolte germait tel du magma trop longtemps contenu dans la cheminée d’un volcan. Leurs disputes couraient sur la ligne téléphonique d’un domicile à l’autre. Mais c’était plus aisé de laisser libre cours à sa colère sans voir la personne, Patricia avait remarqué qu’en présence de sa mère sa virulence s’amenuisait.

    Et voici que cette mère qu’elle haïssait allait s’installer chez elle, Magdalena en avait décidé ainsi.

    Il est vrai que Patricia devait reprendre le travail, Laurent était indésirable et elle n’avait aucune confiance en lui, son amie de toujours, Bénédicte, à qui elle aurait confié sa fille les yeux fermés, travaillait de nuit à l’hôpital où elle exerçait le métier d’infirmière.

    Donc pas d’autre solution que de supporter Magdalena.

    Elle savait d’avance que celle-ci en profiterait pour critiquer sa façon de vivre. De la nourriture jusqu’à la décoration de l’appartement, tout y passerait. Elle écouta en levant les yeux au ciel sa mère lui dresser une liste de courses où légumes et viande de cheval se côtoyaient. Tous avaient pour but de remettre sur pied sa petite-fille.

    Quand enfin elle raccrocha, Patricia jeta dans la poubelle de la cuisine le papier sur lequel elle avait machinalement noté la liste. Ce geste de rébellion lui fit du bien. Elle irait faire les courses, mais elle n’achèterait pas la viande de cheval, Maroussia serait trop malheureuse si elle apprenait quel animal gisait dans son assiette.

    Le docteur Branner lisait méthodiquement chaque feuille du dossier posé sur son bureau. Il se leva pour accrocher la radio pulmonaire au négatoscope et soupira en la regardant ; il prit quelques mesures, retourna s’asseoir, relut pour la troisième fois le résultat du cathétérisme cardiaque. Il était sans appel.

    Il s’enfonça dans son fauteuil et commença à réfléchir.

    Il aimait passionnément son métier.

    D’aussi loin qu’il se le rappelait, il avait toujours voulu être cardiologue. Son dévouement pour ses patients lui avait coûté son mariage, les relations avec son épouse étaient plutôt distendues et il ne comprenait plus sa fille bientôt majeure, qu’il n’avait pas vue grandir.

    Il posa son regard sur la date de naissance écrite en lettres noires sur le dossier en carton, 13 août 1982. Pauvre chérie ! pensa-t-il.

    Il était pessimiste sur le devenir de l’enfant, mais il ne devait pas le montrer à sa famille. La médecine ne pouvait pas tout, mais il fallait laisser de l’espoir aux patients, mettre en place un traitement et qui sait, peut-être que celui-ci serait efficace. C’est ce qu’il devait leur dire, avec des mots simples, une voix ferme et assurée qui leur donnerait confiance.

    Il prit le dossier, sortit de son bureau et se dirigea vers le service de pédiatrie où Maroussia avait été admise.

    Patricia sursauta en entendant frapper à la porte de la chambre, elle se leva si vite que la pièce autour d’elle se mit à tournoyer. Elle n’avait pas beaucoup mangé ces dernières heures, son estomac était trop noué par l’anxiété.

    Maroussia était hospitalisée depuis cinq jours en cardiologie, elle avait

    Vous aimez cet aperçu ?
    Page 1 sur 1