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Una Storia, suite et fin ?
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Livre électronique342 pages4 heures

Una Storia, suite et fin ?

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À propos de ce livre électronique

Dans le premier tome de « Una storia », Lily, née noire dans une famille de la grande bourgeoisie italienne, se découvrait comme le dernier maillon improbable d’une chaîne aussi torturée que pitoresque.

La voici désormais engagée dans la quête quasi intitiatique de tous les germes de sa singulière identité. Au fond d’une malle, entre les lignes d’une lettre, à l’occasion d’une confidence de son Pépé Francesco, elle va découvrir les jalons d’une aventure transgénérationnelle partie d’Émilie-Romagne et qui nous conduit en Somalie, dans le Bronx et enfin en Pologne. Que d’émotions devant le chaos, le fracas, mais aussi, parfois, la plénitude de ces vies hors du commun !

Et si, pour elle, la fin de la vie terrestre devient « le doux carrefour entre le temps et l’éternité », c’est que, sensible aux vibrations, attentive aux signes, elle appréhende le passé, son passé, avec le filtre omniprésent de sa spititualité. Ils ne sont jamais loin, les êtres de lumière ! Et quoi de plus criant de vérité que ce monde parallèle et pourtant invisible ?

C’est un cri pudique, mais c’est un cri.

À PROPOS DE L'AUTRICE

Bernadette Piscaglia-Rachou, autodidacte passionnée, a fondé et dirigé avec son époux des établissements réputés d’enseignement de naturopathie et d’ostéopathie.

Aujourd’hui magnétiseuse-radiesthésiste, elle a relaté son parcours en 2020 dans « J’ai osé… », dévoilé en 2021 de lourds secrets de famille dans « Il faudra que je te dise un jour… », et retracé le début de cette saga dans le premier volume de « Una Storia » paru en 2023.







LangueFrançais
ÉditeurEncre Rouge
Date de sortie1 déc. 2025
ISBN9782487679702
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    Aperçu du livre

    Una Storia, suite et fin ? - Bernadette Piscaglia-Rachou

    cover.jpg

    Éditions Encre Rouge

    img1.jpg ®

    37 bis rue de Pontivy – 22530 Mûr de Bretagne

    Mail : contact.encrerouge@gmail.com

    ISBN : 978-2-38675-029-8

    Dépôt légal Décembre 2025

    Bernadette PISCAGLIA-RACHOU

    UNA STORIA

    Suite et… fin ?

    Avertissement

    Cet ouvrage fait référence à certains personnages ou événements historiques. Pour autant, s’agissant d’une œuvre romancée, il est entendu que l’auteure a pu prendre quelques libertés avec la stricte réalité des faits.

    À Rémy, dont tout l’Être me manque en permanence.

    À Mélissa, pour ses dons créatifs. À Gilles, pour son amour de la langue française. Au temps qui passe et qui m’est donné…

    Table des matières

    Prologue 7

    Au rythme de la vie 15

    Les malles du passé 22

    Pasquale, mon père 33

    La famille de Giacomo et Margarita 46

    Vincenzo, l’étonnant secret 53

    Le maillon africain : Cherifa et Ali 66

    Artemisia, l’œuvre de Dieu 85

    Moi, Lily : ma vie, mon chemin 96

    La famiglia italienne 103

    Le fabuleux Noël 1984 et la chute 112

    Le pèlerinage africain 125

    La découverte africaine 140

    Marco, l’ami de toujours 149

    Les grands départs 155

    Sur la route des deux compagnons 158

    Errance américaine 170

    La vie avant les grands départs 179

    Trop de malheurs 197

    Lily en Italie sur la route des révélations 209

    Triste réalité et révélation fortuite 240

    Retour en France pour trouver la source 248

    Les lettres du petit sac en lin 253

    Dénouement heureux ? 261

    Prologue

    Je suis Lily, et j’ai hâte de vous raconter la suite de La Storia.

    C’est en ouvrant les malles de mon grand-père qui campaient au grenier depuis quelque temps que bien des fragments de vie se sont rappelé à moi, côtoyant les souvenirs vécus par lui, ceux qu’il me racontait avec tant d’ardeur et de tendresse, ceux que j’ai pu vivre à ses côtés et ceux disparus dans l’univers.

    Je me sentais d’une indigne curiosité, mais après quelques secondes d’hésitation, je prends la décision de les ouvrir parce que mon grand-père l’aurait souhaité. Comprenant cette sensibilité, cela me semble juste de le faire, de revenir dans son passé qui me lie à qui je suis.

    Puis l’incertitude passagère a laissé place à l’excitation, celle d’un enfant qui défait à la hâte un paquet cadeau en espérant découvrir des mystères ou des vœux qui se réalisent.

    Cependant, c’est avec émoi que j’ouvre la première malle, puis les autres. Un ravissement me parcourt le corps, lorsque je découvre tout un merveilleux passé dont je suis en partie l’héritière. Puis, avec délicatesse, je prends dans les mains quelques objets pour les regarder silencieusement en pensant à leur usage, à leur vie, à leur histoire…

    Il y avait de nombreuses photos en noir et blanc ; certaines encadrées dans des bois dorés, parfois sculptés. Bien enveloppés, il y avait des bibelots en fine porcelaine ancienne, quelques vases en cristal probablement sauvés des guerres, des chapelets en nacre, des missels précieux, quelques autres objets religieux, des morceaux de tissus richement décorés de fils dorés, des napperons brodés, du linge en tissu de lin, des gants de femmes, des châles, des petits chapeaux, quelques robes des années vingt. Dans des boîtes en marqueterie se trouvaient des couverts monogrammés en argent massif qui semblaient incomplets, et un peu pêle-mêle quelques livres anciens dont certains, hélas, étaient très abîmés. Une autre boîte attire mon attention, car sa forme était différente : un étui en cuir noir avec un monogramme doré avec des initiales KC dont je ne voyais pas à qui elles pouvaient appartenir. Cependant, en l’ouvrant, quel ne fut pas mon étonnement d’y trouver un violon, magnifiquement préservé ! Je savais que beaucoup de personnes dans la famille étaient des mélomanes et musiciens avertis, mais ma mémoire, à ce moment précis, me faisait défaut quant à la personne qui jouait de ce bel instrument. Je le mis de côté, pour y penser plus tard, en me focalisant sur un autre sac en tissu de lin fermé par un ruban bleu. En l’ouvrant, un autre étonnement m’attendait. Bien pliées, s’y trouvaient des lettres manuscrites, sans aucun doute à la plume vu quelques petites taches d’encre par-ci par-là. Cependant, sur le moment, compte tenu de mon émotion, et du temps que cela me prendrait, je renonce à les lire et finis par remettre ce joli petit sac en lin dans la malle, bien soigneusement rangé, avec le sentiment que le temps n’avait pas eu d’impact sur toutes ces choses en attente d’une nouvelle destinée.

    Effectivement, ce défilé d’objets a fait chanceler mon cœur jusqu’à en être bouleversée tant je m’associais à une époque inconnue, à une vie, à des destins d’une famille atypique, relatés de jolie manière par mon Pépé Francesco, et se révélant d’une certaine façon sous mes yeux. Quel message toutes ces découvertes voulaient-elles me délivrer ?

    Immédiatement, la pensée me vint de me replonger dans cet espace-temps lointain. Ma pratique et mon expérience dans le domaine énergétique et vibratoire depuis quelques années me facilitèrent l’envie de faire une méditation/visualisation. Cette autre époque de faste et de lumière m’invitait à me promener dans un temps que je n’avais pas vécu. Quand bien même l’aurais-je vécu, pour m’en souvenir, je devais m’y plonger. Stimulée par cette idée, j’avais en moi le sentiment d’une clef magique qui ouvrirait des points restés en suspension…

    Sur le plancher poussiéreux, je déroule lentement un tapis ancien sur lequel je m’assois en tailleur, le dos bien droit. Après quelques inspirations ventrales et expirations profondes dégageant toute toxicité, je ferme mes yeux en balayant toutes pensées nocives de ma conscience. Je prends soin de m’entourer d’une bulle de protection transparente qui fait circuler l’énergie de mes pieds au sommet de mon crâne. Je n’oublie pas de demander à mes guides de lumière de m’accompagner dans ce voyage mystique interconnecté par des fils invisibles afin que je sois observatrice d’un monde passé. Accompagnée de la lumière divine, comme Aladin, je vole sur un tapis volant, dans un espace féérique aux merveilleuses couleurs. Je sais que mon voyage sera fabuleux, car une destination magique m’attend ; il fallait que cette magie continue le plus longtemps possible !

    Me voilà soudain en Émilie-Romagne, dans un parc magnifique, devant une remarquable demeure appelée Les Capucins, comme l’indiquait le panneau gravé sur le portail en bronze ajouré de l’entrée. Cette maison est le berceau de la famille, où tant de fêtes et de réjouissances se sont déroulées. Le portail s’est ouvert comme s’il m’attendait. J’ai marché sur le chemin de terre bordé d’arbres magnifiques (acacias, chênes et cyprès), de buissons verdoyants et de fleurs aux couleurs flamboyantes qui menait à la maison. Les marches du perron en pierre, je les gravis d’un coup ; une porte s’ouvre et me voilà dans un hall lumineux, richement décoré : un sol en marbre, deux grands escaliers aux magnifiques rampes en fer forgé. Une force mystérieuse me guide irrésistiblement vers une salle de réception. Les invités prestigieux sont nombreux ; ils semblent n’attendre que moi. Voici qu’un gentilhomme dont je ne distingue pas le visage vient vers moi, il me prend délicatement par la main pour aller danser au centre de la pièce qui brille de mille lumières. Moi, Lily, avec ma couleur de peau ébène, moi avec mes cheveux remontés en chignon entrelacé de fleurs blanches, me voilà valsant en crinoline blanche et gants de soie, aux doux sons d’une musique entraînante.

    Tous les regards sont tournés vers le couple que je forme avec cet inconnu. Des yeux étonnés et ravis de me voir virevolter avec aisance dans une pièce étincelante, en se demandant : « Mais qui est-elle ?» « Qui est cette jeune fille ?» « Est-elle de la famille ?» « D’où vient-elle ?» …

    C’est un instant magique dans cet espace-temps où je retrouve toute ma grande famille atypique et particulière, celle qui m’avait été contée par Pépé Francesco. De Gênes à Mantoue, personne ne semblait manquer : hommes en habit d’apparat, femmes en robe d’organza et parures de strass. Je regarde avec enthousiasme un groupe de personnes assises qui semblent appartenir curieusement à un autre monde, aux visages sans joie, les yeux rivés sur leurs instruments, en train de jouer de la harpe et du violon. Immédiatement, mon enthousiasme retombe, en raison des ressentis vibratoires et particuliers que cette musique et ces images me transmettent. Une mélodie prenante de laquelle se dégagent des émotions douloureuses que je ne sais expliquer. Cette intensité me bloque un moment dans le parcours de mon voyage, avec l’idée d’aller quérir pourquoi cette étrangeté m’arrive.

    Pourtant, les yeux remplis d’étoiles, je continue le voyage et remarque que tous les autres personnages sans exception me sourient, me tendant une main bienveillante comme si ma couleur de peau n’avait pas d’importance. La personne que je suis, issue de la famille, ne pouvait qu’être aimée en tant que telle. Ces instants féériques me firent ressentir un bien-être total, me donnant l’intuition de mettre sur tous ces visages un prénom pour les identifier et les relier aux récits de Pépé Francesco.

    Connectée que j’étais à cet univers de joie et de bienveillance, le temps défini par les images que je voyais semblait s’estomper. Le moment de quitter cette dimension arrivait, car, sans aucune crainte, je fus lentement poussée en marche arrière pour quitter la salle de réception. Je repassai dans le hall pour revenir sur le perron, regardant la porte se refermer délicatement. Puis, tout ce merveilleux paysage, cet environnement verdoyant d’arbres et de fleurs, comme une brume soudaine, s’éclipsa de ma vue au fur et à mesure pour laisser la place à la réalité concrète.

    Puis avec la même soudaineté, me voilà revenue dans le grenier, assise sur le tapis fixe. Ce fut l’instant où je repris conscience de mon corps, en bougeant lentement mes jambes et mes bras, en ouvrant mes yeux, je reviens délicatement dans le moment présent, dans ma corporalité, pourvue d’une harmonie profonde qui ne demande qu’à être propulsée Ici et Maintenant.

    Attentive à tout ce qui m’entoure, dans la lucidité ambiante, je prends conscience que je fais le deuil de mon grand-père. Il n’était plus là pour me révéler encore une nouveauté sur mes ancêtres puisqu’il s’est endormi paisiblement un soir, sans jamais se réveiller. Il allait avoir cent ans. Un siècle de vie remplie d’enthousiasme, de créativité, d’humanité et surtout d’amour. Le temps était venu pour lui de passer dans le monde à côté, invisible, inconnu, infini, qu’on sait parallèle à d’autres, et de voyager à la rencontre d’autres formes de vie où d’énergie.          « Nous ne sommes pas seuls, nous faisons partie d’un tout, d’un cosmos intemporel, de ce qui est, a été et sera » comme il aimait le répéter encore et encore.

    Il savait me distiller les événements et les récits de la famille, au fil du temps, comme une symphonie à mouvements disjoints, faisant appel à mes ressources de compréhension, au moment juste.

    Il avait raison.

    Je referme lentement les malles avec la pensée de revenir très vite pour vivre d’autres découvertes. Je m’attarde quelque peu sur une sensation à la fois triste et heureuse.

    Triste de ne pas avoir rencontré et connu tous ces membres de ma famille avec lesquels j’aurais eu sans doute tant à échanger et à partager.

    Triste de leur absence ou de leur vie pour certains d’entre eux, même si toutes les époques manifestent, dans chaque famille, des côtés obscurs.

    Triste des curieux visages sans lumière de ce groupe de musiciens qui me laissaient confuse.

    Triste et en questionnement de cette époque où la terre était sans doute plus respectée, où cette terre donnait le maximum de ressources naturelles grâce aux semences conservées par les paysans, au fumier des animaux utilisé comme engrais, à l’utilisation des moulins à vent et à eau pour nous autres humains avant de tomber dans la consommation en tout genre qui plombe nos énergies et notre système naturel.

    La révolution industrielle accompagnée d’une surconsommation a effectué son travail dans le changement. Mais qu’en est-il réellement ? Une révolution technologique appréciable, certes, mais nos valeurs humaines et spirituelles semblent disparaître pour laisser la place à ce qui pourrait survenir : l’effondrement, aux dires de certains qui s’y préparent activement.

    Je ne suis pas sûre de me laisser emporter par ce phénomène, quand bien même cela s’apparente à une fin de civilisation pour repartir sur une nouvelle comme cela s’est produit depuis l’aube de l’humanité. Depuis les temps anciens, on dit que notre Terre est sous l’influence périodique d’une constellation zodiacale qui met environ 2100 ans pour se déplacer vers une autre et plus de 25000 ans pour effectuer une révolution complète. C’est ainsi que les scientifiques ont pu observer les civilisations qui se sont épanouies, celles qui ont décliné, et probablement les recherches ont prouvé une concordance entre le symbolisme du signe et le mode d’expression des différentes civilisations.

    Alors, si nous sommes en déclin, c’est bien pour cela que nous devons nous accomplir dans cette ligne de vie, maintenant et chaque jour. À chaque moment, à chaque inspiration, nous pouvons en conscience choisir la gentillesse et la gratitude, lier notre corps à notre esprit et notre esprit à l’univers.

    Toutefois, je suis consciente de mon temps présent et heureuse de ma réalité en m’adaptant à ce qui est. Être dans l’instant, Ici et Maintenant. C’est grâce à leurs histoires générationnelles, celles de ma famille, à son héritage, que je suis qui je suis, sans avoir à porter de jugement sur leur vie. Il m’incombe de poursuivre ce chemin, de regarder le passé comme inéluctable sans recréer les schémas toxiques, en vivant chaque moment du présent dans la Joie et la confiance pour me forger un futur épanoui.

    Toutes ces réflexions m’ont laissé un esprit clair en me faisant comprendre qu’il me fallait revenir sur ces découvertes afin d’en saisir la quintessence, de guérir des traumas accumulés et de continuer en pardonnant pour une vie apaisée, celle de nos ancêtres comme la nôtre.

    Ô combien mon Pépé Francesco me manque aujourd’hui !

    Qui va pouvoir me raconter d’autres fragments de vie méconnus ?

    Cela fait à peine une petite année qu’il est parti sur l’autre rive, celle invisible à nos yeux. Depuis 1996, l’année de son départ, je sens sa présence régulière ; celle aujourd’hui d’un être de Lumière qui me guide.

    À cet instant où je m’interroge ainsi, je reçois, comme un éclair dans la nuit, un écho révélateur, une synchronicité émanant de l’Univers, me confirmant ce lien intime avec Lui.

    Dans une gratitude totale, je sus qui serait en mesure de me raconter la suite de l’histoire.

    Au rythme de la vie

    Que sont-ils devenus, puisqu’une descendance existe comme celle que j’incarne ? Je suis supposée être la dernière, ou presque… Cependant, la vie est si curieusement parfaite — imparfaite pour certains — qu’elle nous réserve ce qui doit Être au moment voulu par le jeu du hasard, si tant est qu’il existe, des événements ou des rencontres fortuites.

    Le rythme du temps s’est écoulé avec ses heurs et ses vicissitudes dans un monde en perpétuel mouvement dont l’histoire nous est racontée par ceux ou celles qui l’ont vécue avec leurs tripes, mais aussi avec leur vision, avec l’état d’esprit de leur génération et de l’instant qui était le leur.

    Le siècle d’avant où le monde internet n’existait pas. Sans doute, il prenait naissance dans le cerveau de quelques visionnaires ou de quelques rares initiés de la quantique à peine naissante dans les esprits. Ce progrès à la vitesse hallucinante en aurait bluffé plus d’un même si nous nous y serions adaptés, puisque nous sommes en train de le faire.

    Car l’homme l’a toujours fait depuis l’aube de l’humanité en développant ses trois cerveaux, comme chacun le sait. Le premier, le reptilien, celui qui détient tous les circuits ancestraux et qui a fait émerger la notion alors encore inconnue qu’est la peur pour aller vers la survie.

    Puis en évoluant, un deuxième, le cerveau limbique, qui est celui du monde des sensations, de l’affectif et des émotions. Au fil des millénaires, il a évolué vers le troisième, notre cerveau intelligent, le cortex qui détient nos réflexions, notre intelligence, notre conscience sensorielle dans les deux hémisphères. C’est grâce à ces fonctions que nous sommes à part entière acteurs dans notre vie.

    Bluffés encore, par un vêtement de travail peu cher destiné au départ aux bûcherons et aux cow-boys, un tissu de travailleur conçu au XIXe siècle : le blue-jean. Au fil des années, des modes et du style, il mit le monde dans la même classe populaire en faisant oublier les crinolines de la bourgeoisie et de l’aristocratie.

    Comment imaginer mon arrière-grand-mère, Gemma, se vêtir ainsi dans sa demeure des Capucins ? Sortir de ses crinolines, robes longues et autres ? Cependant, en femme moderne, elle en aurait sans doute porté pour faire son jardin ou cueillir ses fleurs, comme elle adorait le faire avec cette passion qui la caractérisait.

    Elle, Gemma, comme j’aurais aimé la connaître ! Elle croisa ma vie au travers de certains tableaux sublimes d’elle, mais surtout par les récits de son fils Francesco, mon grand-père, ce conteur inlassable qui réunissait en même temps sa joie de vivre, son humanisme et l’amour qu’il transmettait vigoureusement : un être merveilleux qui m’a tant appris, à moi, Lily, sa petite-fille couleur ébène abandonnée par sa mère Bianca dès sa naissance.

    Gemma, mon arrière-grand-mère italienne, était belle, érudite, brillante. Issue de bonne famille, née riche, elle préserva sa richesse grâce à son mariage — comme la coutume l’exigeait — avec une autre famille fortunée, où les sentiments ne comptaient pas, puisqu’il fallait juste procréer.

    Une femme de son temps qui a su transmettre, malgré tout, certaines valeurs à ses enfants en sacrifiant un amour véritable parce que l’usage tout comme le carcan religieux disaient que cela n’était pas possible, car les portes de l’enfer seraient alors inévitables.

    Pépé Francesco, issu de cet amour hors du socle béni par l’église, n’a jamais porté de jugement hostile ou désobligeant envers sa mère Gemma, lorsqu’il sut la vérité. Bien au contraire, il en a été proche, attentionné le plus possible jusqu’à ce qu’elle quitte la matière première dont elle est issue, la terre, mère universelle, pour rejoindre en 1939 les étoiles ainsi que les êtres qu’elle avait aimés. Elle subit bien des chamboulements dans sa vie de femme et de mère, comme ce fils aîné Giuseppe emprisonné qu’elle adulait et qu’elle ne revit jamais. Avec son départ, cette année-là, elle échappa aux dégâts de la Deuxième Guerre mondiale qui commençait à poindre.

    Mon grand-père était pourvu d’une infinie tendresse, il aimait sa famille avec toutes ses imperfections, mais aussi ses nombreuses qualités, hormis les actes immotivés de son frère aîné, Giuseppe, ce criminel à qui il était difficile de pardonner ses ravages. Sans doute on aime à penser qu’il avait expié ses atrocités dans l’enfer de son pénitencier à Santo Stefano pendant la douzaine d’années où il y séjourna et où sa vie prit fin dans des conditions méconnues, pour rejoindre les ténèbres si elles existent !

    Puis, petit à petit, les années s’écoulent, heureuses et insouciantes, lumineuses et obscures, abondantes et austères. Les guerres s’en mêlent, les désespoirs, les luttes, la reconstruction, les nouveaux paradigmes, les départs dans le monde invisible que l’on connaît peu, sauf pour les grands initiés ou des maîtres ascensionnés, les naissances souvent au même moment, la continuité de la vie grâce à la famille qui s’agrandit… Car c’est ainsi que se déploie le monde depuis l’aube de l’humanité, de civilisation en civilisation, de progrès en progrès, de science en science, de connaissance en connaissance, pour revenir au savoir ancestral, et réaliser que nous sommes des êtres spirituels venus faire des expériences terrestres.

    Il y a la famille qui vit au grand jour, portant la suite familiale librement dans d’autres cités de la péninsule. Le progrès et les moyens de communication ont changé les délais pour avoir des nouvelles plus rapidement, mais aussi pour se réunir dans les mauvais et bons moments de l’existence.

    Il y a la famille que l’on a cachée par la force des événements, mais nul ne sait pour combien de temps… Il y a prescription pour bien des silences ou des secrets ! Mais il y a aussi des langues qui se délient, pensant probablement bien faire, car le temps qui passe permet de se moquer de certains événements usés, d’un autre siècle. Mais cela peut aussi laisser des blessures profondes.

    Cette période est ma ligne de temps, celle qui me permet de raconter la suite, celle que je vis actuellement depuis ma naissance en 1964. Dépositaire d’une mémoire ancestrale, je dois la raviver en espérant le faire aussi bien que Pépé Francesco, car c’est bien le message que j’ai reçu : la ranimer afin de dénouer ces liens invisibles pour guérir nos traumas du passé, mais aussi ceux de nos ancêtres afin qu’ils atteignent la lumière, grâce au pardon. Autre débat spirituel qui va dans un seul sens : l’amour inconditionnel. Cela peut paraître simpliste, car quand bien même on ne peut changer le passé — le livre de notre vie s’écrit de jour en jour — cependant on peut estomper les émotions qui nous font souffrir lorsque, même lointaines, elles remontent à la surface physique et morale. L’univers est d’une grande sagesse et si on est sur la bonne fréquence, le monde des possibles est à notre portée.

    Cette incarnation que j’accepte puisque je suis née avec les conséquences qui sont les miennes, je les recueille comme des expériences de vie à franchir pour mon évolution ; elles me confortent et souvent m’apaisent dans ce qui est. C’est un débat séculaire et cependant non périmé auquel j’adhère depuis bien longtemps. Heureusement, je ne suis pas seule !

    Bianca, ma génitrice, n’a pas supporté la couleur de ma peau à laquelle elle ne s’attendait pas. La surprise fut de taille pour son esprit fermé. Mon père Pasquale n’avait jamais abordé ce sujet génétique, car il n’y pensait pas. Musicien parfait et doué qu’il était, il ne s’en était jamais préoccupé d’autant qu’à chaque génération, la couleur dominante était le blanc.

    Les émotions toxiques de Bianca n’étaient pas seulement dues à la couleur de ma peau puisqu’elle en ignorait la cause ancienne : elle ne me souhaitait pas à ce moment-là. On pourrait beaucoup philosopher et débattre sur le conscient et l’inconscient, sur la volonté réelle ou non de désirer un enfant. Le fait est que je suis arrivée sur cette terre avec une mission de vie. Je dois assumer soit la volonté de mes géniteurs, soit ma volonté de m’être incarnée en toute connaissance de cause ! Débat séculaire.

    Cependant, on peut considérer que Bianca m’a transmis durant sa gestation son anxiété de porter un être vivant qu’elle ne désirait pas, quelques angoisses sur l’existence future et — sans jeu de mots — quelques idées noires. Le tout accompagné

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