À propos de ce livre électronique
Lors d'une soirée estudiantine, Jillian retrouve sa petite-amie dans les bras de son ami David. Par un concours de circonstances, elle termine la soirée, puis la nuit, dans la chambre d'Hailey, la sœur de David.
Passionnée de photo, mais obligée de travailler dans l'entreprise familiale de déménagement, faute de mieux, Jillian tente d'oublier l'affront de cette nuit-là, et surtout... le lien fort tissé avec Hailey.
Gaëlle Cathy
Born in the South of France, Gaëlle now lives near big city Lyon. Early, she developed a passion for the English language and the USA, which she often visited. The TV show Buffy the Vampire Slayer sealed those two passions in written words when she began writing fan fiction. She wrote over 70 fanfiction pieces over the course of 6 years before finally leaving the safety net that it had become. Her first novel, When the River Flows out of its Bed, was released in 2011, followed a year later by Legacy, a 500,000 word urban fantasy. Fire and Ice was released in 2014. One Breath at a Time came out in May 2015 and That Week in Acapulco followed in December 2015. A Little Bit of Grey was released in the spring of 2016 and Three to Tango in 2020. A new urban fantasy Endless War comes out in March 2021, and a new romance What Happened Next is due in Spring 2021. From 2016 she began translating her novels in French, her native tongue. A lover of animals, outdoors and music, Gaëlle takes long walks through country paths and spends the rest of her time petting her many cats.
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Aperçu du livre
Cette Nuit-Là - Gaëlle Cathy
Publié par Gaëlle Cathy
© 2023 par Gaëlle Cathy
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Lecteur-correcteur : Christian Philippe & Charlotte Lectrice
Photo de couverture : iamzhem
ISBN (mobi) : 979-10-96374-44-1
ISBN (broché) : 979-10-96374-45-8
Table des Matières
Table des Matières
Remerciements
Chapitre Un
Chapitre Deux
Chapitre Trois
Chapitre Quatre
Chapitre Cinq
Chapitre Six
Chapitre Sept
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Remerciements
Je tiens à remercier Christian pour son excellent travail de correction, comme d’habitude, et de répondre toujours présent pour une scène à revoir, une scène ajoutée au dernier moment à corriger, malgré ton agenda bien rempli. J’apprécie réellement ton avis et ton apport.
Charlotte, toi aussi un grand merci pour tes corrections, mais merci surtout pour ton apport considérable à cette histoire, en n’ayant pas eu peur d’être honnête dans ton ressenti. Malgré les grimaces 😊, cette histoire ne s’en est portée que mieux.
À ma grande amie Patricia (et lectrice test 😊), merci de ton soutien constant. Savoir que tu attends mes nouveaux romans m’encourage toujours à les terminer plus rapidement pour avoir ton avis !
Merci à vous trois, ainsi qu’Anoushka et ma mère d’avoir subi mes « tests » pour la couverture et de m’avoir aidé à choisir.
Aux lectrices qui m’écrivent régulièrement, me demandant sur quoi je travaille, où quand sort mon nouveau livre ; sachez que ces petits messages sont précieux, essentiellement lorsque l’on traverse des périodes de doutes, comme ce fut mon cas ces dernières années. Donc merci à vous !
« Cette Nuit-Là » est née d’un récit présent sur mon recueil d’histoires courtes intitulé « De l’Amitié, Beaucoup d’Amour, un Zeste de Magie et un Brin de Malice ».
Chapitre Un
Jillian expira, son regard fixé sur les hélices stationnaires de son ventilateur de plafond. Son souffle était presque redevenu normal. Sa poitrine se souleva fortement une dernière fois. Elle remonta le drap pour se couvrir. Elle jeta un œil sur sa gauche, quand elle sentit le matelas s’enfoncer légèrement. Elle ne voyait que le dos nu de la jeune femme assise, enfilant sa petite culotte. Elle se leva pour terminer de la mettre.
— Ça pourrait être sympa de faire quelque chose ensemble ce week-end, proposa Jillian.
La jeune femme aux cheveux coupés courts en dégradé attachait son soutien-gorge, tournant toujours le dos à Jillian.
— Comme quoi ? Hey, je pourrais peut-être venir samedi en début d’aprèm. Après, ça sera difficile, mais je peux sûrement caler une heure ou deux.
Jillian soupira discrètement en regardant le plafond une fois encore.
— Gina.
Comme Jillian n’ajouta rien, Gina se retourna.
— Je parlais d’autre chose que ça, expliqua-t-elle en pointant son lit de la tête.
— Ce week-end, ce sera compliqué. On se retrouve tous chez Martin, le week-end entier, pour bosser sur cette présentation.
Jillian soupira moins discrètement cette fois.
Gina poursuivit : pourquoi ne viendrais-tu pas avec moi ce soir ?
Jillian leva les yeux au ciel en s’asseyant sur le lit.
— Encore une soirée baignée dans l’alcool. Merci, mais j’ai passé l’âge.
Gina sourit futilement.
— On a le même âge, je te signale. Tu devrais profiter un peu. Ce n’est pas parce que tu bosses que tu ne peux pas t’éclater de temps à autre.
— Si, justement ; on est mercredi, je dois tenir jusqu’à samedi inclus, tu connais mes horaires et mon boulot. Je ne peux pas me permettre de rester une ou deux heures, voire la matinée entière au lit si j’ai la gueule de bois, contrairement à toi. Tes profs y sont peut-être habitués, moi, mon boss me tuerait.
— Tu parles, c’est ton père.
Gina enfila son pantalon.
— Oui et bien crois-moi, il est encore plus dur avec moi qu’avec les gars.
— T’avais qu’à aller à l’université.
Elle le fait exprès ou quoi ?
— C’est sympa de ta part.
— Bah quoi, tu fais que de te plaindre de ton boulot et tu ne veux jamais venir en soirée, je n’y peux rien moi.
— Désolée, mais passer son temps à se bourrer la gueule et fumer des joints, je pense qu’il y a mieux à faire. Une fois de temps en temps, OK. Toutes les semaines, non. Et puis d’ailleurs ; votre week-end révision commencera fort avec la mégateuf chez David.
Gina tourna la tête d’un coup sec.
— Comment t’es au courant ?
Jillian s’étonna du ton de sa petite-amie, si elle pouvait l’appeler ainsi.
— Tu l’as mentionné la semaine dernière, ou celle d’avant, je crois.
— Ah bon ?
— Ah non, c’est José, quand je t’ai récupérée après ton cours jeudi.
— OK.
Gina se tourna, elle était complètement habillée désormais et ramassa ses bottines. Elle se rassit sur le lit pour les enfiler.
Jillian allait parler quand Gina ajouta, d’un ton léger, avec un petit bond sur le lit :
— Tu ne devais pas racheter un nouveau matelas, au fait ? Celui-là est vraiment pourave.
Jillian grimaça et choisit de compter jusqu’à sept dans sa tête.
— J’attends ma paie.
— Tu m’as dit ça le mois dernier.
Jillian inspira fort. Ce n’est pas le matelas qu’elle souhaitait changer, mais l’appartement entier. Heureusement qu’elle vivait seule et savait organiser son espace, car tout juste trente mètres carrés pourraient devenir vite chaotiques sinon. Elle avait construit beaucoup de petites étagères, ne disposant que de peu de rangement. Malgré son agencement, tout était plein, ce qui la peinait, dans la mesure où son matériel photographique restait dans des cartons.
Pour ce que je m’en sers en ce moment. Je suis tout le temps claquée.
Elle soupira puis se reprit.
— J’ai dû changer les pneus du pick-up.
Jillian conduisait un vieux Ford F-150 bleu de 2007 d’occasion. Il fonctionnait bien, néanmoins, demandait un entretien très régulier.
Jillian expira, voyant que Gina ne réagissait pas.
— Sans ma bagnole, je ne peux rien faire. Le lit, lui, peut encore attendre.
Gina opina vaguement en remettant ses boucles d’oreilles à l’aveugle.
Jillian soupira doucement, toutefois, c’était plutôt par amour propre. Dormir dans son lit d’adolescente était déjà suffisamment humiliant. Emménager coûtait cher, outre la caution et le loyer d’avance, d’autres choses avaient pris le pas, comme la machine à laver, la gazinière. Il est vrai également que, espérant mettre toutes les chances de son côté, elle avait investi dans du matériel de photographie digne de ce nom. Sans compter l’entretien général de son vieux pick-up. Par conséquent, embarquer son lit de lycéenne dans son appartement d’adulte ne l’avait pas gênée à l’époque. Maintenant, en revanche...
Ce n’était pas censé se passer ainsi.
Jillian secoua la tête et reprit la conversation où elle s’était interrompue.
— Bon bref, ce que je voulais dire de toute façon c’est qu’on pourrait faire autre chose que de passer notre temps dans mon appart.
Gina fronça les sourcils, sans la regarder. Elle semblait incertaine en la fixant.
— C’était pas bien ?
— Mais si. Ce n’est pas la question. Je me dis juste qu’on pourrait, je ne sais pas moi, bouger sur Los Angeles, passer un week-end quelque part de sympa. Ça changerait un peu. Hey, je pourrais même te photographier, histoire de tester mon nouveau joujou. Tu n’aurais qu’à faire la belle, ça devrait t’aller.
Gina leva les yeux au ciel.
Jillian se demandait même pourquoi elle proposait quoi que ce soit. Sans doute pour changer sa vision de leur relation, l’approfondir. Et vu l’expression sur le visage de Gina, ce n’était pas gagné.
— Oui, peut-être, on verra ; j’ai beaucoup de boulot en ce moment.
Jillian sourit en coin.
— T’appelles ça du boulot ?
— Hey, ce n’est pas parce que tu as un vrai boulot que moi je ne bosse pas, OK ?
Jillian se leva sans prendre la peine de se couvrir.
— OK. Eh bah écoute, je ne te retiens pas plus.
Jillian regarda son radio-réveil qui indiquait quatorze heures quinze.
— T’as peut-être le temps d’aller bosser quelques heures avant de te faire belle pour ta soirée. Elle se dirigea vers la salle de bain en ajoutant : et... travaille bien ce week-end, si tu n’as pas trop la gueule de bois.
Gina soupira.
— Le prends pas comme ça.
Jillian s’enferma dans la salle de bain. Gina haussa les épaules et sortit du petit appartement.
Brett et Michael entrèrent dans la salle de repos de Carson Cali U-Pack, une entreprise de déménagement basée à Taft, petite ville de Californie, à quarante-cinq minutes de Bakersfield. Idéalement située à quatre heures de Sacramento[1] et San Francisco, et deux heures trente de Los Angeles, elle était spécialisée dans les déménagements internes à l’état, avec quelques exceptions jusqu’à Las Vegas ou Reno dans le Nevada. La société appartenait à Wesley Carson, le père de Jillian.
Brett mit un petit coup de coude à son collègue en pointant Jillian de la tête. Ils doutaient qu’elle les ait entendu entrer, ses yeux rivés sur un catalogue. Elle feuilleta celui sur sa gauche et saisit une des calculatrices de l’entreprise. De loin, ils auraient pu la penser en train de s’occuper de la comptabilité, comme elle le faisait occasionnellement pour éviter à son père d’embaucher un comptable.
En s’approchant discrètement, Brett et Michael constatèrent que ce n’était pas du tout le cas.
Michael rit.
— Je préfère celui-là.
Jillian secoua la tête en le regardant de travers.
— Je suis d’accord avec Mickey. Par contre, il va un peu dépareiller dans ton appart pourave, non ?
Elle grinça des dents tandis qu’ils rirent.
— Je te charrie. Il est très bien ton appart. On est même tous rentrés dedans pour boire cette bière le mois dernier, qui l’aurait-cru ?
— Foutez-vous de ma gueule, lança-t-elle alors qu’ils rirent de nouveau.
— Tu veux déménager ? demanda Brett, plus sérieusement en pointant de la tête les petites annonces du journal local ouvertes sur sa droite.
— J’y pense depuis un moment. Mais c’est un peu juste, là. Toujours le fric.
— Ne m’en parle pas. La voiture est en rade, j’ai dû appeler la dépanneuse hier. C’est Michael qui est passé me chercher. Et la voisine va devoir prendre les gosses au passage, car Laurel ne pourra pas les récupérer non plus. J’espère que ça ne va pas nous coûter une blinde encore.
Jillian lui offrit un sourire compatissant.
Je ne suis pas si mal que ça dans mon appart, ça peut tenir encore, après tout. Il y a pire que moi.
— Et tu bougerais quand ?
— Oh non, je ne sais pas, en fait. Je regarde, au cas où. Ce n’est pas urgent. Le lit en revanche, le matelas surtout. En même temps, ça me fait chier de mettre un matelas neuf sur mon vieux lit. C’est un cent quarante, en plus. De toute façon, je ne peux pas acheter plus grand ou je ne pourrais plus tourner autour.
Brett posa sa main sur son épaule, tandis que Michael apporta la cafetière sur la table. Jillian l’avait mise en route puis n’y avait plus pensé. Michael servit trois tasses.
— Dans ce cas, attends un peu.
Jillian grimaça.
— C’est à cause de l’autre, je parie.
Brett rit à l’expression sur le visage de Jillian qui regarda Michael de travers.
— Elle a un nom, tu sais.
— Pouffe.
Brett s’esclaffa et Michael ne se priva pas non plus, tandis que Jillian était faussement vexée. Elle ne rit pas, en tout cas.
— Vous ne l’avez vue que deux fois.
— C’était suffisant, merci.
Elle se leva quand elle entendit de l’animation à l’extérieur.
— Le rigide[2] arrive. Au lieu de dire des conneries, allez aider Mattias et Alexis qui ont roulé toute la nuit. À votre tour.
— J’aime pas San Diego, marmonna Brett.
Michael sourcilla.
— C’est sympa San Diego.
Jillian secoua la tête en les écoutant discuter en sortant du local. En fin de compte, ils offrirent leurs cafés à leurs deux collègues qui revenaient de trois déménagements. Ils s’étaient d’abord arrêtés à Fresno, à une heure quarante-cinq au nord, pour remplir la remorque des biens d’un jeune couple, réservant le camion à de plus grosses prises en charge sur le trajet, notamment à San José vers San Francisco, deux heures trente plus au nord. Ils étaient ensuite partis sur Sacramento, la capitale d’État, à deux heures au nord-est pour charger un autre déménagement ainsi que débarquer les affaires du jeune couple. Puis ils remontèrent presque aux limites nord de la Californie, à Eureka, cinq heures plus au nord pour débarquer les biens récupérés à Sacramento. Sur le chemin du retour, ils prirent une nouvelle cargaison à Stockton, après six heures de route, puis encore un, plus petit, à Merced, entre Stockton et Fresno. Celui-ci fut rangé dans la remorque. Ils rentrèrent enfin à l’entrepôt. Brett et Michael prenaient le relais, la cargaison de Stockton descendait à Los Angeles et celui pris à l’aller à San José terminait son chemin plus au sud, à San Diego. Jillian, pour sa part, s’occuperait de ce qui se trouvait dans la remorque après l’avoir déplacé dans un fourgon, puis direction San Luis Obispo à deux heures à l’ouest.
Ce n’était pas toujours aussi intense, toutefois, avec un état d’une superficie de quatre cent vingt-quatre mille mètres carrés, ce n’était pas un fait rare non plus. Mille trois cents kilomètres séparaient le sud du nord, et de trois cents à quatre cents d’est en ouest. Son père avait investi dans trois camions porteurs pour cette raison, car ce n’étaient pas des distances rentables et raisonnables pour des fourgonnettes. En revanche, cela avait un coût, gonflé par les paies, afin de posséder un roulement suffisant d’employés. Jillian supposait qu’elle tenait son sens de l’organisation de son père, vu qu’il parvenait toujours à rentabiliser les déplacements au maximum, sans compter jongler entre les ouvriers qui détenaient le permis poids lourd et les autres. Jillian, par exemple, ne l’avait pas. Elle ne pouvait qu’accompagner pour charger et décharger, ainsi faisait-elle peu de déménagements multiples. Ce qui ne signifiait pas qu’elle ne passait pas de temps sur la route, bien au contraire, mais il s’agissait d’aller-retour sur des zones plus limitées avec les fourgons trente mètres cubes ou inférieurs. Mais dans un état comme la Californie, limité signifiait rarement des trajets de moins de deux à trois heures.
Jillian tâchait d’aider son père au mieux, car ils se trouvaient régulièrement en sous-effectif. La boite marchait bien, néanmoins, l’équilibre restait fragile, d’autant plus que l’achat des camions par prêt impliquait des frais bancaires conséquents. Un camion en panne, une hausse importante du coût du gasoil ou encore un employé avec le permis poids lourd en arrêt, et le bénéfice s’inversait rapidement.
Jillian sortit de son pick-up qu’elle ferma à clé, se retenant de bâiller. Les rires et les cris provenant de l’arrière de l’énorme maison de son ami David la fatiguaient encore plus. Elle leva la tête, elle était souvent venue ici durant son adolescence. Ils étaient proches, au collège notamment.
Jillian était adulte maintenant, pourtant, cette bâtisse de deux étages l’impressionnait toujours autant. Faisant partie des fondateurs de la ville, les Farrell comptaient parmi les familles les plus riches de la petite ville de Taft, moins de dix mille habitants. Fondée peu avant 1910, sur le champ pétrolifère de Midway-Sunset, situé au sein de la vallée de San Joaquin, dans le comté de Kern. Il s’agissait du plus grand gisement connu de la Californie et le troisième plus étendu des États-Unis. Chaque génération de Farrell avait travaillé sur ces gisements. La première de manière plus physique dès les débuts d’exploitation en 1910, avant de tirer son épingle du jeu au fil des années. Le père de David était vice-président aux énergies à faibles émissions de carbones chez Chevron, principale société à exploiter le champ pétrolifère.
Jillian souffla, puis traversa enfin la rue pour se diriger vers la fête qui battait son plein, à plus de vingt-trois heures en ce vendredi soir.
Elle soupira quand un étudiant vomit à côté d’elle. Elle secoua la tête, s’interrogeant encore sur sa présence ici au lieu de rattraper son retard de sommeil.
J’espère au moins que ça lui fera plaisir. Elle a intérêt à être sobre, hors de question que je la porte une deuxième fois.
Elle ouvrit la porte et se mit en quête de trouver Gina. Elle se frayait un chemin au milieu de la foule sautillant au centre du salon. Elle se servit un whisky-coca en passant près des boissons. La maison fourmillait d’étudiants. Peu avaient opté, comme elle, pour la vie active directement après le lycée. La plupart de ses amis étaient partis aux quatre coins du pays après le baccalauréat, selon les universités qu’ils avaient choisies. Ceux qui avaient moins de possibilités, que ce soit financièrement ou par rapport à leur niveau scolaire, étudiaient principalement à l’université d’état de Bakersfield, ou aux quelques autres établissements du comté.
Dès l’été suivant l’obtention de son diplôme, Jillian avait travaillé en tant que serveuse dans un restaurant pendant plusieurs mois. Elle travaillait maintenant pour son père depuis un an.
Loin d’être son rêve, il fallait bien payer le loyer et les factures. Très indépendante, elle avait pris son appartement dès la signature de son contrat de travail chez son père.
Jillian s’éloigna de la piste de danse improvisée, car Gina ne s’y trouvait pas. Elle salua de la tête un ancien camarade de lycée. Elle se rapprocha des deux canapés et des fauteuils du salon. Beaucoup de couples s’y étendaient.
Jillian vit rouge d’un coup et fonça vers l’un des canapés.
— Putain c’est quoi ça ! cria-t-elle à quelques mètres de Gina et David, s’embrassant à pleine bouche.
Gina était allongée sur lui. David se redressa d’un bond quand il la vit. Gina, elle, paraissait s’en ficher un peu, tout en buvant une gorgée de son verre de rhum.
Jillian se rapprocha et balaya son verre de la main. Plusieurs personnes râlèrent pour les éclaboussures, sans qu’elle n’y prête attention.
— J’ai dit, c’est quoi ça ?
— Oh, bébé, qu’est-ce qui ne va pas ?
Jillian soupira. Gina était déchirée, autant par les gobelets vides sur la table que par les mégots de joints les accompagnant.
— Oh rien, tout va bien. Et surtout, ne retire pas ta main de son pantalon, cela ne me dérange absolument pas.
David ôta lui-même la main de Gina d’un air médusé.
— Tu ne lui as pas dit ?
— Me dire quoi ?
Gina se redressa dans le canapé.
— Elle a dit qu’elle ne viendrait pas ce soir, répondit simplement Gina en regardant David.
— Hey oh ! Je suis juste là. Et on sort ensemble, je te signale ! C’est quoi ce plan foireux ?
David se leva, la fixant d’un air maladroit.
— Jill, je t’assure, elle m’a dit que vous aviez rompu. Je croyais que c’était fait depuis longtemps.
— Longtemps !
Jillian n’en croyait pas ses oreilles.
— Non, non, pas longtemps, juste, euh...
David ne savait pas comment rattraper le coup et elle le repoussa sur le canapé.
— Jill, je suis désolé. J’étais sûr qu’elle te l’avait dit. Tu me connais, je ne t’aurais jamais fait ça. Et puis, ça n’a jamais été sérieux entre vous.
— Tout va bien, donc ?
— Non, attends, tu sais bien ce que je voulais dire.
Jillian secoua la tête.
— Un vrai ami ne saute pas la copine de son amie, même si cette copine est une salope.
— Hey !
Gina souhaita se lever, mais son équilibre en décida autrement.
— C’est vrai, tu as raison, Gina. Une salope bourrée.
Gina réussit enfin à se lever, toutefois David la fit se rasseoir.
— Jill, allez, c’est–
— Va te faire mettre. Oh, déjà fait, lança-t-elle, jetant un dernier coup d’œil à Gina, puis elle s’éloigna en secouant la tête.
Un groupe de jeunes la bousculèrent fortement sur son chemin vers la sortie. Tellement en colère, elle ne chercha pas à reprendre ce chemin, mais poursuivit sur sa lancée et monta à l’étage, puisqu’elle se trouvait désormais au pied des escaliers.
Ça, c’est clair que ce n’était pas sérieux entre nous, mais quand même.
Jillian secoua la tête, finalement, elle n’était même pas surprise, elle se demandait d’ailleurs si David était le premier.
C’est sa trahison à lui qui lui restait en travers de la gorge, en réalité. Il était l’un des rares amis du lycée avec qui elle entretenait encore des liens. Cela lui rappelait le fossé qu’il y avait désormais entre ses années lycée et sa vie actuelle. En fin de compte, c’est ce qui faisait le plus mal intérieurement, mais elle refusait d’y penser.
Elle se trouvait dans le couloir du premier étage et soupira ; à l’évidence, pas le meilleur endroit pour se cacher vu les nombreux portraits au mur. Pour le moment, elle ne voulait plus voir sa tête. Elle soupira et sortit une cigarette de son paquet. Elle emportait toujours des cigarettes en soirée, seul moment où elle fumait. Autant dire qu’un paquet durait très longtemps depuis sa sortie du lycée. Elle s’arrêta de marcher quand elle se tint devant la chambre de David, la brève idée d’y mettre le feu lui traversa l’esprit, cela dit, ce serait tout de même disproportionné comme vengeance. Elle regarda la plaque apposée dessus avec une tête de mort et Fortnite Zone écrit en dessous. Elle soupira une nouvelle fois et ne put s’empêcher de mettre un grand coup de pied dans la porte avant de secouer la tête. Elle grimaça de ce geste puéril. Elle était tellement énervée, d’autant plus que ce manège semblait durer depuis un moment.
Il va me le payer.
Elle continua de marcher afin de se calmer puis s’arrêta devant une autre porte. Elle observa la plaque, celle-ci montrait des dauphins sautant en l’air, des coquillages autour de l’image. ‘Hailey’ était inscrit dessus. Le regard de Jillian s’illumina quand l’idée de coucher avec la sœur de David lui traversa l’esprit. Elle ouvrit grand les yeux en secouant la tête.
Non, mais ça ne va pas moi ? La gosse doit être au collège. La dernière fois que je l’ai vue, elle devait faire un mètre de haut. Regarde-moi ça ; des coquillages. J’ai honte là. C’est un bébé.
Elle changea de direction. Pourquoi était-elle si énervée, finalement ? Gina et elle, c’était physique plus qu’autre chose et pas fait pour durer. Elle se sentait tellement hors du coup. Ses anciens amis, quasiment tous à l’université aux quatre coins du pays, et elle... portait des cartons. En ce moment, elle s’interrogeait beaucoup. Elle s’alarmait même du fait qu’elle commençait à prendre un peu de muscle. Sans être ultra féminine, elle n’était pas franchement du genre butch, avec ses longs cheveux brun foncé qu’elle n’attachait en queue de cheval qu’au travail. Elle mettait en général une petite touche de maquillage, notamment des couleurs chaudes, comme le violet, le bordeaux ou encore l’ocre pour faire ressortir ses beaux yeux noisette. Elle préférait les pantalons aux jupes ou robes, certes, toutefois elle en portait quand même sans se forcer. Selon l’occasion, son humeur, ou le temps.
Un an et demi et le lycée semblait déjà une vie antérieure. Elle n’avait pas vu le temps passer et craignait de continuer dans cette voie et de se réveiller dans vingt ans sans avoir réalisé son rêve. S’était-elle trompée en n’allant pas à l’université ? Y parviendrait-elle sans cela ? Elle connaissait son talent, mais redoutait désormais de toujours passer en second, après ceux qui posséderaient un diplôme d’études supérieures. Elle avait passé un entretien très important dans un studio de photographie il y a deux jours et misait beaucoup dessus, car elle commençait à douter. Son entrevue dans une agence de communication, il y a bientôt deux semaines, ne semblait pas avoir abouti, pourtant ils avaient paru apprécier le portfolio de ses clichés. Malgré cela, ils n’avaient pas donné suite. Elle essayait de ne pas se laisser décourager. Il était trop tôt, néanmoins, sa confiance en elle s’en ressentait.
Jillian entra dans la salle de bain quand elle se rendit compte qu’une larme coulait le long de sa joue.
Bon sang, ce n’est pas la fin du monde non plus ! La fin de mon amitié avec David, là c’est sûr. Quant à Gina, c’est moi la salope, car elle et moi, c’était juste du sexe.
Jillian secoua la tête. Une relation quasi physique sans vraiment de sentiments s’avérait une première pour elle, et elle s’en voulait. Mais le temps nécessaire à la construction d’une vraie relation lui manquait pour le moment, pourtant elle avait tout de même besoin d’un semblant d’affection.
Elle posa ses mains de chaque côté de la vasque et se passa un grand coup d’eau sur le visage.
Elle secoua la tête, un air résolu dessina son visage.
— Ils vont aimer mes photos, c’est sûr. Ça va le faire. Je sais que je suis douée ; ça va marcher, je vais y arriver.
Elle hocha la tête, bien déterminée à reprendre les choses en main. Cette relation avec Gina ne lui correspondait pas. Elle ne referait pas cette erreur. Elle retrouverait son équilibre sentimental quand elle serait stabilisée professionnellement.
Jillian sourit d’avoir réussi à surmonter la déception de cette soirée et des semaines, voire des mois précédents. Elle n’avait jamais baissé les bras auparavant, elle n’allait pas commencer maintenant.
— Ça va ?
Jillian sursauta. Elle se tourna et vit la jeune brunette qui se tenait sur le côté, à l’entrée
