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Periculov : la chronique du corbeau: Periculov : la chronique du corbeau, #1
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Livre électronique106 pages1 heurePericulov : la chronique du corbeau

Periculov : la chronique du corbeau: Periculov : la chronique du corbeau, #1

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À propos de ce livre électronique

Et si l'histoire la plus tragique jamais contée n'était narrée que par… un corbeau ?

Periculov est une saga dramatique où un oiseau sarcastique mène le lecteur entre humour noir, amour interdit, secrets de famille et mystère psychologique.

LangueFrançais
ÉditeurDAMON BLACKFALL
Date de sortie16 nov. 2025
ISBN9798232926861
Periculov : la chronique du corbeau: Periculov : la chronique du corbeau, #1

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    Aperçu du livre

    Periculov - DAMON BLACKFALL

    ​Prologue – Le Corbeau

    Je suis celui qu’on chasse du revers de la main, que l'on insulte à la volée, qui ronge les cadavres et vole les secrets.

    Je plane au-dessus des vivants. Vous m’avez vu sur les toits, entre les tombes, dans les rêves. Toujours là où les choses dérapent.

    Vous m’avez pris pour un mauvais présage. Peut-être aviez-vous raison.

    Je ne fais pas de prières. Je suis la mémoire sans indulgence, la voix de ceux qu’on préfère oublier. J’observe, je retiens et je rapporte en croassant.

    Ce que j’ai à vous dire ne plaira pas à tout le monde.

    Je parle d’un garçon né du sel et de l’écume, d’une fille trop sage pour la cage dorée où on l’avait enfermée. De familles qui se haïssent en silence, de pères qui mentent, de mères qui se taisent,  d'enfants qui paient les dettes qu’ils n’ont pas contractées. Et d'une ville au bord de la mer — Harbor Bay — où le vent emporte les promesses, où les secrets s’enfoncent dans les profondeurs sans jamais vraiment disparaître.

    ​La maladresse inaugurale

    Là, derrière les brumes et les échos de la mer, je l’observe. Elle. Claire Delacroix. Tout en elle transpire la noblesse — ou devrais-je dire : cette arrogance qu’on polit depuis des générations à coups de silence et de domestiques. 

    Elle avance, drapée dans une robe rouge carmin — un tissu plus chargé d’histoires qu’elle-même. Il chuchote le mépris des puissants, le piétinement élégant des humbles. Mais ici, sur ce quai râpeux où les embruns mordent et les mouettes braillent sans filtre, sa majesté fait tache. Le bois sous ses talons trop fins craque. Les cordages gras frémissent — prêts à s’enrouler à sa cheville, l’inviter à tomber. Et l’odeur de poisson séché : elle s’infiltre, s’accroche à ses parfums de luxe avec la ténacité d’un affront.

    Son nez se plisse — une microseconde de trahison faciale — elle cherche une sortie, peut-être même une excuse pour faire demi-tour. Rien. Juste les mêmes visages tannés par la mer, les mêmes mains calleuses, qui ne se lèveront pas pour saluer une duchesse.

    Alors, son regard finit par dériver, glissant au-dessus des filets, des cordages, des reflets du port, jusqu’à Gabriel Beaumont, le pêcheur aux mains abîmées, la chevelure ramenée en arrière — un capitaine des mers oubliées. Lui, il n’a rien des héros romanesques qui peuplent les lectures de Claire ou les attentes distillées par sa mère. Mais il incarne autre chose : la liberté, la résilience, la vérité crue des choses simples.

    Le canoë sur les épaules. Le regard ailleurs, probablement en train de repenser à son dernier exploit — ou à rien du tout, ce qui revient au même. Le pas pressé. Il fonce. Et elle, fragile silhouette perchée sur ses échasses de mode, ne voit pas venir l’imbécile. Le choc. Magistral. Les épaules de monsieur tamponnent comme un bélier médiéval. Elle vacille ( décidément, cette humaine à la stabilité émotionnelle et physique d’un cerf sur une plaque de verglas). Et lui ?

    — Tsss... Faites attention, merde.

    Voilà. C’est tout. Sa majesté grogne une sentence — sans se retourner. L’univers s’adaptera à lui ou dégagera. Mais Claire. Elle se redresse. Talons réajustés, sac recollé à l’épaule, dignité recousue au regard.

    — Pardon ? Vous bousculez les gens, vous grognez, et c’est à NOUS de faire attention ? Sérieusement ?

    — C’est bon. J’ai dit pardon.

    — Oui, mais ça ne venait pas du cœur.

    — Tu veux une chanson avec, aussi ?

    Claire baisse les yeux, brièvement. Un battement de cils — pour reprendre son souffle, ou pour cacher l’étonnement de s’être fait répondre. Puis elle les relève. Et cette fois, ils brillent d’un éclat nouveau. Moins hautain, plus... vivant. Un mélange rare de curiosité et de défi.

    — Tu prends toujours ce ton avec les inconnues, ou c’est un privilège que tu me réserves ?

    — J’sais pas... Peut-être que...

    Ses yeux glissent vers la coque d’un bateau, se perdent dans les brumes — ou dans un ailleurs qu’il est seul à connaître

    Claire, elle, incline légèrement la tête.

    — T’as un prénom, au moins ? Ou tu préfères rester « le pêcheur bourru » dans mes souvenirs ?

    — Gabriel. Et toi ? Je peux t’appeler « la demoiselle renversée » ?

    — Claire. Et non, tu ne peux pas.

    Toujours, du haut de mon promontoire de tôle rouillée. Une mouette me jette un regard. Jalouse, sûrement. Elle ne comprend rien aux grands récits, celle-là. Elle pense que l’histoire, c’est un reste de pain ou une arête de maquereau. Pauvre idiote.

    Mais moi, je vois. Je vois Claire qui tente de se redonner une contenance en tapotant sa robe carmin. Et Gabriel, lui... il ne s’excuse pas plus qu’un rocher ne demanderait pardon à une vague. Il se remet en marche, le canoë en équilibre sur l’épaule, sans un regard de plus.

    Et pourtant...

    — Attends.

    C’est elle qui parle. Sa voix, d’abord faible, se glisse entre deux cris de mouettes. Mais lui s’arrête. Pas par politesse. Par curiosité. Il se retourne à demi, le sourcil levé, l’air de dire « Tu veux vraiment tenter un deuxième round ? »

    — Tu vis ici, non ?

    Il hoche la tête.

    — Et tu vas où, avec ça ? (Elle désigne vaguement le canoë, comme s’il s’agissait d’un animal étrange.)

    — Là où l’eau est encore honnête. Ça existe, tu sais. Loin des pontons vernis pour touristes et des galeries d’art où les poissons sont en peinture.

    Elle plisse les yeux, pas tout à fait sûre d’avoir pigé, mais elle sent bien qu’il se fout un peu d’elle — ou qu’il essaie de dire un truc sérieux, maladroitement. Et devine quoi ? Elle kiffe ça. Enfin... elle déteste kiffer ça, ce qui est tout un poème. Un frisson électrique passe entre eux, cette fameuse tension qu’on sent avant que ça parte en vrille ou que ça devienne intéressant.

    Et cette tension, c’est lui qui la tricote, le grand manitou du désordre. Faut dire que depuis qu’il l’a vue débarquer de ce voilier — toute en soie, en grâce, en lumière — Gabriel, ben, c’est plus vraiment le même. Il ne sait rien d’elle, évidemment. Ce pauvre gars sait juste qu’elle débarque d’un autre monde, un monde où les chaussures ne laissent jamais de traces dans le sable — un monde où on ne lutte pas contre le vent, non, on se contente de le caresser comme

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