Au commencement, un grand-père, Paul Camerlo, directeur de l’Opéra de Lyon, une mère styliste, figure des années 1970, ou encore un oncle metteur en scène d’opéra… posent les prémices de l’aventure créative de César Pupat. Son bref passage à Penninghen annonçait la suite. Mais le temps que l’architecture s’impose, les séquences d’approche se succèdent, aiguisant les convictions d’aujourd’hui. Dans l’atelier de Thierry Vidé, à ses débuts, il », souligne-t-il. Un principe qu’il vérifie en collaborant avec Guillaume Saalburg, puis, au sein de sa propre société, dédiée à la production de pièces en verre destinées à l’architecture d’intérieur. Ses rencontres avec Philippe Starck, Jean-Michel Wilmotte et André Puttman l’invitent à créer son agence. Ces chemins de traverse développent une vision plurielle, le tout porté par une sensibilité aiguë. L’observation et le regard de ce solitaire nourrissent une écoute particulière qui signe la qualité de ses relations avec ses clients. C’est ainsi qu’est née la confiance des propriétaires de cet appartement hors normes, dont il avait réalisé l’espace précédent. Un triplex XXL, allant du cinquième au septième étage, perché sur les jardins des Champs-Élysées, au départ sans grande identité en dépit de son point de vue, sera l’objectif de ce nouveau projet. Ses acquéreurs souhaitent y créer la sensation d’une maison lumineuse où l’épure se concentre sur le travail des volumes. Dans ce lieu, coiffé d’un rooftop, César Pupat pose, dès le cinquième étage, cette intention aérienne, comme un préambule, annonçant l’expérience sensorielle à venir deux étages plus hauts. Avant d’atteindre le vertige des hauteurs, l’expérience de la lumière tient ses promesses dans un jeu de perspectives, traversant la profondeur des volumes. Les marqueurs haussmanniens se réinventent, la moulure, sans corniche, se fond dans le plafond comme un tracé au doigt, crémeux, le parquet Versailles est en chêne sablé blanchi, les plinthes sont rehaussées et l’escalier sculpture, tel un ruban, déclenche l’ascension et l’aspiration vers le haut. Cette sensation d’apesanteur, présente dès l’entrée, atteint ses sommets sur le rooftop. En continuité de la terrasse, un lounge en lévitation, installé dans une architecture de verre composée de gigantesques panneaux assemblés par collage, prenant appui sur un seul mur, joue sur la dématérialisation. À l’extérieur, les frontières de ce bloc transparent se redessinent par les reflets. Sur la surface miroir, le ciel, les nuages et les paysages environnants multiplient les illusions d’optique. La vue est saisissante, mais elle ne suffit pas. Restait à traiter ce volume de verre suspendu dans le ciel, en lui apportant intimité et mystère. César Pupat le pense comme un territoire méditatif, une bulle apaisante qu’il met en récit. Préférant la poésie à la dimension spectacle, il filtre les points de vue par des stores screen couleur fumée, peint le plafond en noir, pose une maille métallique, crée un banc périphérique, évoquant la vue en cinémascope d’un refuge romanesque des temps modernes. Une approche sensible en phase avec cet autodidacte au parcours atypique, et dont la fraîcheur de vue colore l’ensemble des projets.
