Pour Charles Baudelaire (1821-1867), un poète était un artiste quand un romancier cédait à l’industrie. La nouvelle édition de ses Œuvres complètes rassemble les versions successives des Fleurs du mal (1857 et 1861), Les Limbes (1851), Les Épaves (1866) et les poèmes en prose de l’inachevé Spleen de Paris (1869). Ces textes publiés dans diverses revues permettaient à Baudelaire de combattre le vacarme des informations. La mort, l’amour, les thèmes hors du temps y sont sans cesse abordés. Ce n’est pas la vie qui le dégoûtait, mais la société. Ni désespéré, ni destructeur, simplement lucide.
Bien avant Lautréamont, Verlaine et Rimbaud, il incarna la modernité, une nouvelle façon de s’exprimer, savant mélange d’émotions et de grammaire, sans jamais être hermétique. Ses manuscrits ressemblent à et surtout pas . Attentif aux débuts de Manet, il réunit ses articles dans et où il encense le romantique Delacroix, ce qui ne l’empêche pas d’apprécier le réalisme des tableaux de son ami Courbet et de Corot. On ne peut pas le classer dans un mouvement littéraire distinct, tant il avait une .