Sur la route de Montereau (Seine-et-Marne) où il est attendu pour la foire annuelle, le téléphone de Jordan Bardella résonne dans l’habitacle de la voiture. C’est l’Élysée, qui adresse une invitation au leader du parti nationaliste pour assister au discours d’Emmanuel Macron sur l’avenir de l’Europe à la Sorbonne, programmé ce jeudi 25 avril. « Ah, on est donc de nouveau considérés comme faisant partie de l’arc républicain ? » ironise Bardella. Cette invitation, bien que surprenante, est appréciée à sa mesure par Bardella, conscient qu’être convié à ce genre d’événement contribue à densifier sa stature. C’est notamment grâce à des moments clés comme ceux de la conférence de Saint-Denis que le jeune président du RN a changé d’envergure. Pour autant, le député européen ne retient pas ses coups lorsqu’il évoque le chef de l’État. Bardella souhaite faire de ces élections européennes du 9 juin un vote sanction contre la présidence Macron. Largement dominateur avec le double des intentions de vote promises à Valérie Hayer, le patron du RN s’installe dans le rôle du favori aux yeux de l’opinion, une pression supplémentaire qu’il semble bien encaisser. Mais à moins de cinquante jours du scrutin, la moindre faute, exploitée par ses adversaires, peut lui coûter cher. C’est dans ce contexte que le JDD a passé une journée de campagne dans les pas de Jordan Bardella, pour le confronter aux sujets du moment : violence juvénile, éventuelle dissolution de l’Assemblée, ou encore les enjeux et thèmes qu’il traite dans un livre en préparation.
Le Premier ministre a dénoncé il y a quelques jours un « entrisme islamiste » prônant « les préceptes de la charia, notamment dans nos écoles ». Gabriel Attal parle-t-il comme le RN ?
Étrangement, alors que le Rassemblement national atteint 32,5 % dans les sondages à cinquante jours des élections européennes, beaucoup de monde parle comme nous. Cela est d’autant plus surprenant qu’il y a quelques mois, sur une radio du service public, Gabriel Attal niait tout lien entre l’immigration de masse et le terrorisme islamiste. Un RN fort oblige beaucoup de monde à reconnaître la réalité. L’islamisme a muté d’une idéologie séparatiste à une idéologie de conquête qui cherche à imposer ses interdits, ses valeurs, ses normes et ses coutumes à l’ensemble du pays. Nous sommes désormais confrontés à un choix de société et de civilisation.
Ces déclarations reflètent-elles, selon vous, une réalité préoccupante ?
Quand on disserte des heures sur la violence des mineurs et la montée de la barbarie dans la société française sans jamais aborder la question de l’immigration, on passe à côté de l’essentiel. En réalité, Gabriel Attal est responsable d’une politique migratoire qui s’est détériorée ces sept dernières années, aggravée par un laxisme judiciaire, une culture de l’excuse, un