Au cœur des fictions de Dan Chaon, on retrouve des histoires d’enfants sans parents, de fuite, de drogues, ou encore la paranoïa vissée ajoute à son œuvre une tonalité ironique et une dimension initiatique. Qui nous embarque dès l’entame, quand le narrateur dresse la liste de ses multiples noms. Appelons-le par le premier qu’il avoue : celui de Will Bear, un travailleur nomade un peu spécial, dont les missions sont de retrouver des clients endettés, de livrer des bébés prêts à adopter, ou parfois de jouer les tueurs. Il a même vendu du sperme. Il sillonne les États d’Amérique sans laisser de traces, dans un camping-car où il planque sa réserve de téléphones intraçables et le LSD qu’il prend avec sa vodka. Il voyage pour fuir ses fantômes. Mais, alors qu’il raconte ici sa vie, ceux-ci reviennent. Les téléphones sécurisés se mettent à vibrer. Quelqu’un se prétend sa fille. C’est le début d’une autre liste. Le tout est un récit remarquable de sens sur les sociétés mercantiles, sur nos masques et nos mensonges, et un magistral tour de passe-passe littéraire.
