ENQUÊTE
L’entrée du lieu, sur la très chic Worth Avenue, est à peine visible. La façade en miroir détourne les regards indiscrets. La porte lourde et imposante décourage les curieux et les indésirables. Il faut pousser fort et avoir le bon pedigree pour être admis dans l’Everglades Club de Palm Beach.
Dans le hall sombre du club, une employée parcourt la liste VIP à la recherche de mon nom. Dès qu’elle le voit, elle lève la paume de sa main pour me guider vers des marches étroites qui mènent à une cour blanche et feutrée. Ici et là se trouvent les entrées d’appartements secrets, sécurisées par des loquets. Au deuxième étage, des fenêtres grillagées font écho à celles du palais de l’Alhambra, où les dames espagnoles cloîtrées observaient le monde depuis leur prison dorée. Dans le salon, un barman vêtu d’une veste blanche à boutons dorés sert les clients, tous blancs, pour la plupart des hommes dans la fleur de l’âge, vêtus de blazers bleus et de cravates vertes arborant l’alligator rouge emblématique de l’endroit. Ce sont les descendants de l’élite historique. Autrement dit, les familles qui ont assuré à Palm Beach une place sur la carte.
L’Everglades Club, avec son opulence européenne, a été conçu dans les années 1920