SHELBIE DIMOND
Cette Américaine installée à Paris a entamé son parcours photographique à travers la pratique d’autoportraits intenses qui lui ont permis de faire une nécessaire introspection. Nous avions publié son travail dans Réponses Photo no 326. Elle alterne aujourd’hui autoportraits et portraits, nus ou habillés, au fil de ses rencontres et des collaborations qui lui sont proposées.
Qu’est-ce qui fait un bon portrait photographique ?
Un bon portrait raconte une histoire. Que nous parlions d’un portrait où le sujet joue un personnage pour donner vie à la vision du photographe ou qu’il s’agisse d’un portrait dont le but est de capturer le sujet tel qu’il est, je suis toujours à la recherche d’une histoire plutôt que d’une “belle” image.
Quelles qualités sont-elles essentielles pour bien interagir avec le modèle ?
Sans empathie, sans communication et sans bons rapports, vous vous retrouverez avec des images gênantes d’une personne mal à l’aise. Cependant, je connais des photographes qui aiment cela et le recherchent même pour leur travail. Il existe un débat éthique sur cette pratique au sein du milieu. Je pense que toutes les demandes de pose et les limites doivent être discutées avec le modèle avant la prise de vue – et si possible, le photographe doit informer ce dernier de ses souhaits pour la séance photo avant même qu’il n’arrive sur les lieux.
Cela garantit qu’aucune des demandes ne le mettra dans l’embarras et lui donnera le temps de digérer complètement les demandes avant de s’engager sur la séance. J’aime toujours me réserver au moins quarante-cinq minutes pour discuter et offrir un café ou un thé. J’aime demander à mes modèles ce qu’ils souhaiteraient voir dans les portraits.
Je leur propose de choisir la musique, et le chauffage et/ou la clim sont toujours utiles !
Dirigez-vous beaucoup les séances ou bien préférez-vous prendre ce que votre modèle a à vous donner ?
Un peu des deux. Si l’objectif est de capturer le sujet comme étant simplement lui-même, j’ai tendance à opter pour une mise en scène très sobre et à donner une direction minimale. J’aime utiliser la lumière et les ombres pour aider à raconter une histoire. À l’opposé, lorsque mes modèles sont des “muses” pour mon travail, j’adopte une narration plus franche, je donne plus de direction, je choisis la garde-robe. Le résultat est toujours un portrait, mais un portrait que le photographe s’approprie.
Votre expérience de l’autoportrait vous a-t-elle permis de mieux appréhender la direction de vos propres modèles ?
Cela me sert toujours bien quand je travaille avec des modèles, encore plus avec des sujets non professionnels. Je crois que lorsque l’on sait comment interagir face à l’appareil, il est beaucoup plus facile de diriger quelqu’un d’autre. De petits détails comme le placement des
